Les faits sont prescrits mais qu'importe, le plus important pour elle était de parler et d'être enfin entendue. Sarah Abitbol, 44 ans, l'est depuis la sortie de son livre Un si long silence, publié aux éditions Plon le 30 janvier 2020 et écrit avec la journaliste de L'Obs Emmanuelle Anizon.
Dans cet ouvrage, l'ancienne championne de patinage artistique y révèle comment son entraîneur l'a violée durant deux ans, de ses 15 ans à ses 17 ans. Marquée à vie par ce traumatisme, elle en subit encore aujourd'hui les conséquences et déplore que les instances dirigeantes, qu'elle avait pourtant averties, n'aient jamais pris son histoire au sérieux. Pas suffisamment en tout cas pour écarter définitivement Gilles Beyer, son ancien entraîneur. Ce dernier n'en était pourtant pas à ses premiers agissements.
Face à la pression exercée aujourd'hui sur lui par Sarah Abitbol, Gilles Beyer s'est enfin décidé à s'exprimer. Ce dernier a adressé une déclaration écrite à l'AFP le 31 janvier, dans laquelle il reconnaît avoir eu "des relations intimes" et "inappropriées", et présente des "excuses" à son ancienne élève. Ses "excuses" interviennent avant un rendez-vous, lundi 3 février à 16h, qui s'annonce houleux entre la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, et l'inamovible président de la Fédération des sports de glace (FFSG) Didier Gailhaguet, sur le rôle de la fédération dans la poursuite de la carrière de Gilles Beyer, malgré des soupçons. Ce dernier a depuis été écarté par son club. "Le Club des Français volants confirme la mise à l'écart de toute fonction et activité en son sein du Délégué général Gilles Beyer, avec effet immédiat et sans limite de temps. Cette décision résulte des graves accusations portées à l'encontre de ce dernier à travers un grand nombre de médias", a-t-il été annoncé.
Suite à la publication des "excuses" de son ancien entraîneur, Sarah Abitbol a rapidement réagi auprès de L'Obs. "Ce ne sont pas des relations inappropriées mais des viols, a-t-elle déclaré. Le terme est inapproprié et beaucoup trop léger. Il me présente ses excuses ? Mais je ne l'excuse de rien !" Tout en refusant les excuses de Gilles Beyer, Sarah Abitbol a également déclaré qu'elle attendait une deuxième étape, "celle qui mettra en lumière la responsabilité de tous ceux qui ont couvert, dans le club (les Français volants) et à la fédération".
Depuis les révélations de Sarah Abitbol, d'autres anciennes patineuses ont elle aussi choisi de briser le silence.