L'affaire Gérard Miller s'étoffe de nouvelles révélations mais aussi d'une autre prise de parole du psychanalyste et chroniqueur TV. Au mois de janvier, trois femmes l'ont accusé d'agressions sexuelles et d'un viol, notamment lors d'une séance d'hypnose, comme l'a révélé le magazine ELLE. A présent, dix femmes dont trois mineurs le ciblent pour des comportements inappropriés et agressions sexuelles à leur encontre entre 1995 et 2016, d'après les informations de Mediapart du 6 février. Le même mode opératoire précédemment dénoncé est encore une fois décrit.
Gérard Miller les invite à son domicile parisien après les avoir rencontrées sur des émissions où il était chroniqueur. Une fois chez lui, il leur propose de l'alcool puis une séance de "détente" ou "d'hypnose". Selon les informations de Mediapart, l'une des victimes présumées, 21 ans au moment des faits, a signalé au parquet de Paris vouloir porter plainte contre le psychanalyste.
Dans son signalement, elle évoque une soirée en 1995 où l'homme, qui était son professeur à l'université Paris 8, aurait tenté de l'embrasser : "J'étais dégoûtée, gênée, je lui ai dit que ce n'était pas possible, qu'il ne m'attirait pas. Il n'a pas insisté." Dans ce même document, elle fait aussi le récit d'une autre soirée durant laquelle elle aurait bu toute une bouteille de champagne : "Après, je ne me souviens plus du déroulement jusqu'à me trouver dans son lit avec lui au-dessus de moi, le sexe en érection avec un préservatif, en train de se br**ler."
L'homme de 75 ans a réagi aux propos du magazine d'investigation, comme il l'avait fait à ceux de la revue féminine dans un post très détaillé sur X (anciennement Twitter).
Après avoir accueilli la parole des femmes qui l'accusent dans les colonnes d'ELLE et celles de Mediapart, Gérard Miller explique à quel point la parole des femmes, avec le mouvement #MeToo notamment, s'est libérée et elle remet en cause "la façon dont les rapports hommes-femmes sont constitués dans notre société, sur la base d'une incontestable domination masculine". Il explique ensuite ne pas avoir imaginé que ces femmes qui l'ont rencontré puissent avoir une souvenir "aussi négatifs" et "que leur mémoire et la [sienne] pourraient à ce point ne pas coïncider".
Gérard Miller reconnaît un "aveuglement collectif dans les rapports qu'elle a entretenus avec les femmes", notamment dans son film L'Interdit qu'il a réalisé en 2011. Un documentaire dans lequel il avait notamment interrogé le réalisateur Benoît Jacquot et sa relation aujourd'hui controversée avec l'actrice Judith Godrèche, âgée de 15 ans à l'époque. L'actrice vient par ailleurs de porter plainte contre celui qui a été présenté comme son compagnon.
Devant faire face à un degré d'intrusion élevé dans sa vie privée, le père de cinq enfants affirme que "même quand il s'agit d'événements ayant eu lieu il y a 20 ou 30 ans voire plus, [il se souvient] parfaitement de ce qu'[il n'a]jamais dit ou fait". Dans sa réponse à Mediapart, Gérard Miller consacre aussi de nombreuses lignes à requalifier le lieu, chez lui à Paris, qui aurait servi de supposées agressions : "C'est ce grand salon qui se trouve donc être le lieu décrit ici ou là comme inquiétant, [...] mais qui n'est pour autant ni un laboratoire secret ni un caveau. C'est simplement une vaste pièce, avec des fenêtres en puits de lumière, où on trouve sans surprise tout ce qui permet de s'asseoir, bavarder, passer un moment ou une soirée, regarder la télévision ou un film en home cinema."
Quant aux séances dites d'hypnoses, il les éclaircit avec ses mots : "il s'agissait toujours de simples conversations et moments ludiques. Celui ou celle qui acceptait de s'y livrer n'était absolument pas hypnotisé et restait parfaitement conscient, pouvant interrompre ledit jeu lui-même à tout instant."
Conscient de l'évolution des mentalités, Gérard Miller assure toutefois n'avoir "jamais contraint personne et convaincu d'avoir respecté tout embarras, tout refus", appuyant avoir respecté le consentement, "notamment quand il y avait entre elles et moi une grande différence d'âge".
Le psychanalyste très médiatisé a ainsi souhaité préciser la différence d'âge entre les femmes qui ont parlé et lui : "je réalise aujourd'hui que cette différence d'âge, associée à ma position, a pu contribuer aux souvenirs qu'elles ont rapportés, même s'ils ne correspondent évidemment pas aux miens, car pour moi il n'y a jamais eu aucune forme d'obscénité ni de contrainte dans ces relations." Il assume par ailleurs être en couple avec une femme de trente ans de moins que lui, avec qui il a eu une fille aujourd'hui âgée de 14 ans. Pour lui, il est question de "dissymétrie avec les femmes plus jeunes que moi" qu'il ne mesurait pas à l'époque et qui le conduirait, "sans aucun doute" à agir autrement aujourd'hui.
Gérard Miller est présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à clôture du dossier.