L'information a fait l'effet d'une bombe. Le 27 novembre, France 2 lançait le tournage d'un téléfilm sur fond de polémique. Intitulé Ce soir-là, ce film réalisé par Marion Laine, porté par Sandrine Bonnaire, Naidra Ayadi et Simon Akbarian, dépeint une histoire d'amour qui naît le soir des événements tragiques du 13 novembre 2015 et notamment au Bataclan.
Le synopsis : Au soir du 13 novembre 2015, une femme qui habite derrière le Bataclan et un homme qui passait par là par hasard vont porter secours à des blessés qui fuient les terroristes et l'enfer de l'attaque. Quelques jours plus tard, ils sont recontactés par ceux-là mêmes à qui ils ont porté secours et qui souhaitent ardemment rencontrer ces inconnus qui les ont soutenus tout au long de la nuit. L'homme et la femme vont se revoir et, de rendez-vous en rencontres, tomber amoureux. Mais faut-il croire à cet amour qui les appelle ? Ou n'est-ce qu'une illusion romantique qu'ils se sont inventée pour compenser le traumatisme qu'ils ont vécu ensemble ? Irène a renoncé depuis longtemps à sa vie sentimentale pour élever seule sa fille. Karan, d'origine afghane, marié à 16 ans à une jeune fille qu'il ne connaissait pas, a fui son pays trente ans plus tôt avec sa famille, croyant échapper pour toujours aux Talibans... Cet amour trouvera-t-il une place dans leurs vies ou faudra-t-il y renoncer après qu'il les a transformés ?
Qui sont ces gens pour oser penser que ce projet ne va pas nous faire de mal ?
Le projet a suscité de vives réactions de la part de téléspectateurs, soufflés par la rapidité avec laquelle le show business peut s'emparer d'un drame encore très récent. Parmi ces anonymes, Claire Peltier, une victime collatérale qui a perdu son compagnon, père de ses deux enfants, la nuit du drame. Dans le magazine ELLE, la jeune femme explique pourquoi elle a lancé une pétition pour exiger l'arrêt de la production.
Pour elle, "c'est trop tôt" et "le temps de la justice n'est même pas passé". "Qui sont ces gens pour oser penser que ce projet ne va pas nous faire de mal ?" s'interroge-t-elle, dépitée. "On nous parle d'une romance, quel décalage avec ce qu'on a vécu ! C'est indécent. Nous, on l'a perdu, notre amour", ajoute-t-elle.
À écouter cette victime, "c'est encore à vif". Un avis partagé par de nombreux Français, choqués de voir une grande chaîne française se jeter sur le drame pour en tirer un film. En revanche, elle n'a rien contre l'adaptation de Vous n'aurez pas ma haine – joué par Raphaël Personnaz au Théâtre du Rond-Point – tirée de la lettre d'Antoine Leiris, dont la femme est morte sous les balles des terroristes au Bataclan. "Les mots guérissent et apaisent, mais les images, c'est trop violent", glisse celle qui panse ses plaies, ayant par exemple "réussi à passer devant le Bataclan pour la première fois il y a seulement un mois".