L'un des anciens participants de L'amour est dans le pré est dans le viseur de la justice. Il s'agit d'Alain, qui a participé à l'édition 2022. Le 29 mai dernier, il comparaissait devant le tribunal pour pas moins de vingt-huit chefs d'accusation.
Le 29 mai dernier, le tribunal correctionnel de Moulins a accueilli le candidat de la saison 17 de L'amour est dans le pré. Ce jour-là, il était "encore plus maigre et cerné que d'habitude, pour autant que ce soit possible", ont précisé nos confrères de La Montagne. Urssaf, MSA, répression des fraudes, services vétérinaires... tous étaient présents à l'audience, car cela fait "des années" qu'ils effectuent des contrôles dans sa ferme ou sur son célèbre étal sur les marchés de l'Allier, à cause de nombreux signalements. En mars 2022, il a déjà écopé d'une peine de six mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans, avec obligation de régler les sommes dues. "En vain", écrit le site.
Alain a continué à ne rien faire "dans les règles" et ne le cache pas. "Débordé", "assommé", "surmené", il a du mal à suivre la cadence et assure que son comptable n'a rien fait pour l'aider à avancer. La liste des chefs d'accusation est longue. On lui reproche notamment de ne pas avoir de registre pour noter les entrées et sorties, les achats et les ventes. Bien qu'il conserve ses factures, il ne déclare pas ses revenus, son chiffre d'affaires ou ses charges. Pas plus que ses bovins, ses hectares ou les heures de son fils qui l'aide très régulièrement sur son exploitation ou sur les marchés. "Votre fils vient tous les jours à la ferme et travaille tous les dimanches matins. Et donc il doit être déclaré comme tout salarié. Je n'ai qu'un seul mois à 110 euros dans mes bases", a martelé une inspectrice de l'Ursaff.
Alain s'est défendu en expliquant qu'il s'occupait de ses animaux en priorité "et pour le reste...". Son chiffre d'affaire est estimé à "230 000, 250 000 euros par an". Un chiffre qu'il cacherait pour "se soustraire de l'impôt et des cotisations". "La totalité des flux financiers ne transite pas sur votre compte, vous avez aussi beaucoup de paiements en liquide. Votre stand était notoirement connu", a déclaré le procureur. Ce a quoi Me Peggy-Anne Julien, l'une des avocates de l'agriculteur, a répondu : "Il suffit de venir chez lui pour voir que son train de vie n'est pas luxueux. Vous avez même fait venir le chien pour chercher les tas de billets. Il n'a trouvé que 660 €, soit la dernière recette du marché."
La répression des fraudes lui a quant à elle reproché de tromper ses clients des marchés sur "l'origine des denrées". "Les oeufs sont un peu les siens, mais viennent surtout d'un collègue ; les volailles sont d'un autre éleveur ou même d'une grosse plateforme agroalimentaire. Sur votre site Internet, vous faites croire que c'est de la vente directe de volailles et de fromages", lui a-t-on reproché. Ce a quoi l'avocate a répondu qu'il a fait faire son site sur "un site type" et qu'il ne l'a jamais vérifié. Mais ce n'est pas tout ! "Il n'est pas indiqué que les fromages sont au lait pasteurisé ou thermisé, en AOP, le % de matière grasse, la balance est non tarée pour l'emballage, absence de code producteur, les noisettes ne sont pas indiquées dans la terrine...", écrivent nos confrères.
Une hygiène douteuse est aussi à déplorer. Ses très nombreuses poules se déplacent librement, alors qu'elles devraient être confinées à cause de la grippe aviaire. Elle ne seraient aussi pas assez bien nourries et n'auraient pas d'eau à volonté. Alain aurait aussi vendu des produits périmés depuis 21 ou 27 jours et ses denrées n'étaient pas conservées à la bonne température. Le risque de listéria est donc grand. "Elles défèquent là où elles pondent, vous vendez des oeufs souillés", apprend-t-on. Et quand le mot "maltraitance" a été dit, l'ex-candidat de M6 a bondi : "Mais, mes bêtes, je les aime, je fais tout pour elles, 7 jours sur 7. Mes bovins ne sont pas maigres. J'ai laissé deux normandes au lait avec leur veau. Ce que vous dites me fait mal au coeur. Mais j'ai rien à dire, vous avez vos réponses. Cette émission, l'Amour est dans le pré, ça a pesé contre moi, j'ai été ciblé. Ça apporte des clients en plus, mais aussi beaucoup de jalousie." Son avocate a dénoncé un acharnement à cause de sa notoriété.
"Ce dossier, c'est le premier dont j'ai eu vent quand je suis arrivée à Moulins en 2021. Vous avez été traité comme tout récidiviste. Vous ne pouvez pas dire que vous êtes dépassé, ça fait dix ans que ça dure. A chaque contrôle, vous dites 'oui', et il ne se passe rien. Il faut empêcher les gens qui ne sont pas en capacité de gérer", s'est alors agacé le procureur. Il a ensuite requis dix mois de prison ferme aménageables, 5 000 euros d'amendes, la confiscation de la remorque et du véhicule, l'interdiction de gérer et d'exercer une activité indépendante et d'éleveur, de l'interdire de marchés dans l'Allier pendant cinq ans. L'Urssaf réclame quant à elle 188 000 euros, rappels de contributions et majorations de retard compris.
La décision a été rendue le 19 juin dernier mais, à ce jour, elle n'a pas été dévoilée.