Trois mois après les attentats de Paris, lesquels ont causé la mort de 83 personnes au Bataclan lors du concert des Eagles of Death Metal, le groupe revient ce soir à l'Olympia afin de finir son show. À cette occasion, Maïtena Biraben a interviewé le bandleader, Jesse Hughes.
On ne jouera pas Kiss the devil
"Excusez-moi, je vais sûrement être très ému, mais vous pouvez continuer à tourner", lance-t-il, l'entretien à peine entamé. Et le métalleux n'a pas menti puisqu'à plusieurs reprises il craque face à la caméra. Encore très marqué par la tuerie, Jesse Hughes a d'abord évoqué la soirée du 13 novembre et ses amis morts ce soir-là : Nick Alexander, jeune Anglais de 36 ans, responsable du merchandising du groupe, et des membres de leur maison de disques, Thomas Ayad, Marie Mosser et Manu Perez. Mais c'est bien pour tous les Français qu'ils joueront ce soir. "Il est important de savoir que ce n'était pas que des fans de rock, des Parisiens ou des Français qui étaient présents dans la salle, mais des amis. Ils étaient en confiance et pensaient passer un bon moment. Et les pire personnes qui puissent exister ont tiré profit de ça", explique celui qui a rebaptisé sa tournée Nos Amis Tour, à la mémoire de ce terrible événement.
Ajoutant, en larmes, ne pas vouloir décevoir le public lors du concert de ce soir, le chanteur a confessé que le morceau joué au moment où les tirs ont débuté, Kiss the devil, ne figurera pas sur la setlist : "Ce n'est pas mon genre de laisser les méchants gagner ou prendre le dessus. Mes tripes me disent de jouer cette chanson en premier pour faire un gros fuck aux méchants, mais ce n'est pas approprié et je le comprends. On la jouera plus tard."
Si j'avais eu une arme, j'aurais pu faire quelque chose
Militant pro-armes à feu, Jesse Hughes a ensuite commenté les propos de Donald Trump, lequel a récemment déclaré dans un journal français que s'il avait été au Bataclan, lui qui ne se sépare jamais de son arme, il aurait tiré. "Je ne suis pas un héros, mais j'aime mes amis et on m'a appris qu'il faut savoir donner sa vie, sinon elle ne mérite pas d'être vécue (...) Si j'avais eu une arme, j'aurais pu faire quelque chose. Je ne peux pas vous dire à quel point j'aurais préféré être face à ce choix plutôt que de vivre aujourd'hui avec toute cette merde", explique-t-il.
Ne soutenant pas la politique du républicain pour autant et précisant être en désaccord avec ce dernier sur bien des points, Jesse Hughes a néanmoins justifié de façon étrange les raisons pour lesquelles il pense que le port d'une arme est une bonne chose : "Je suis pour la liberté, je ne veux tirer sur personne et je n'ai pas envie de ma balader avec une arme. Je n'ai pas besoin d'un flingue. Mais je sais par expérience que Dieu a créé les hommes et les femmes et que les armes sont les seules choses qui les mettent à égalité."
Souhaitant finir son émouvant entretien avec Maïtena Biraben sur une note positive, le leader des Eagles of Death Metal a fait une sacrée promesse au public qui assistera au concert de ce soir, dont de nombreux rescapés du 13 novembre : "Vous allez laisser toute cette merde à l'entrée et ressortir avec la plus grosse trique ou les plus gros nibards que vous pouvez imaginer." Une bien belle invitation...
Le groupe, déjà revenu sur scène aux côtés de U2 à Paris depuis les terribles attentats, se produira également à Lille, le 24 février, et à Nîmes, le 1er mars.
Sarah Rahimipour