C'est une fois encore une bien sombre histoire qui vient salir le rap et l'esprit de cette musique. Abdul X, un rappeur amateur et inconnu, a été condamné jeudi 16 juin pour provocation à la commission d'un crime envers les policiers.
Il est âgé de 22 ans et se fait appeler Abdul X. Son vrai nom est Pascal Henry. Il se veut méchant et agressif mais s'est excusé sans hésiter dès que l'affaire a commencé à chauffer.
L'année dernière, en 2010, une vidéo, un clip amateur, était diffusée sur internet avec pour titre Tirez sur les keufs. Voilà le nom de la chanson, et voilà la teneur de ses propos. Par ce morceau, Abdul X, originaire de Sèvres (Hauts-de-Seine), incitait ses auditeurs et spectateurs à se servir d'arme à feu à l'encontre des forces de l'ordre, qu'il n'aime visiblement pas beaucoup. Tenant un pistolet dans sa main, selon lui factice, le jeune rappeur promettait aux policiers "une balle dans sa race", en les appelant "tarbas", comprenez bâtards en verlan.
Le tribunal correctionnel de Paris a puni Abdul X d'une amende de 1 200 euros - 120 jours-amende d'un montant unitaire de 10 euros - susceptible d'être commuée en peine de prison si elle n'était pas payée. Il s'en tire plutôt bien.
Son ami Massi-Nissa Benzerrouk, 20 ans, qui avait réalisé et mis en ligne la vidéo sur YouTube, a été condamné pour sa part à 1 000 euros d'amende.
A l'époque, en 2010, en plein buzz autour de cette vidéo choquante, le ministère de l'Intérieur avait lancé des poursuites contre Abdul X pour "injure publique" envers la police, et le parquet pour "apologie" de crime et "provocation à la commission d'un crime".
Peu courageux, ou réellement sincère, le petit rappeur Abdul X avait tout de suite rampé lors de l'audience : "Si ça a pu blesser, je m'en excuse, je n'avais pas envisagé que cette chanson soit prise au premier degré", elle était selon lui destinée à n'être vue que par "un cercle d'amis".
Les deux jeunes hommes ont été relaxés jeudi 16 juin 2011 des faits d'injure, car selon le tribunal correctionnel de Paris "le terme de bâtard a perdu de sa portée outrageante et que, même s'il peut apparaître choquant, il ne dépasse pas les limites autorisées de la liberté d'expression dans un genre musical caractérisé par une certaine forme d'outrance". L'apologie de crime a aussi été écartée.
Les magistrats ont en revanche jugé Abdul X et Massi-Nissa Benzerrouk coupables de "provocation à la commission d'atteintes volontaires à la vie ou à l'intégrité" des policiers.
Comme quoi, la liberté d'expression ou de création n'excuse pas tout !