Longtemps considéré comme le bad boy du cinéma américain dont la filmographie, biberonnée à l'alcool et réalisée sous l'emprise des drogues, franchissait les limites du sulfureux, Abel Ferrara livre Tommaso, son dernier long métrage, sur les écrans depuis le 8 janvier 2020.
Présenté hors compétition au dernier Festival de Cannes, ce film est une chronique personnelle de sa vie d'après, sa vie sobre. À l'occasion de cette sortie, le réalisateur s'est confié à Paris Match sur ce cheminement vers la sobriété. Son déclic ? Lorsque sa femme tombe enceinte. "J'ai enfin accepté de demander de l'aide et je suis allé dans un centre de désintoxication en plein désert pendant quatre mois", confie-t-il. Mais l'addiction, ça ne part pas comme ça, apprendra Ferrara à ses dépens : "Je suis addict pour la vie !" Il ne peut "plus toucher à un verre" et avoue avoir "un rapport différent à l'alcool et à la drogue". Mais attention, Abel Ferrara refuse que cela le définisse. "Je n'ai pas eu besoin de drogue pour devenir cinéaste. Ni d'alcool ni de New York. J'ai vécu à Los Angeles et ailleurs, eu des enfants, été marié, j'ai eu mille vies !"
Dans ces vies, il y a eu le film Welcome to New York qui évoque l'affaire DSK. Une affaire qui anticipait la déferlante #MeToo qu'il juge comme "essentielle" lui-même étant père de trois filles. Et même si, de son propre aveu, il ne parle plus vraiment à Asia Argento [l'une des instigatrices de ce mouvement et qui a joué dans deux films de Ferrara, NDLR], il avoue être pleinement conscient de sa culpabilité. "Au début, je ne voyais pas bien où tout cela allait nous mener, mais maintenant je comprends. Le plus grand danger pour les femmes, ce sont les hommes."