''Pasolini'' vu par Abel Ferrara et Willem Dafoe : Sulfureux, sublime, engagé

Dévoilée en marge de la 71e Mostra, la première bande-annonce du nouveau long métrage d'Abel Ferrara pourrait bien nous faire oublier Welcome to New York, film librement inspiré de l'affaire DSK (mai 2011) qui avait été dézingué par la critique. Intitulé Pasolini, ce nouveau long permet au marginal Abel Ferrara de faire se rencontrer son amour pour le cinéma transgressif et le cinéma d'auteur engagé.

Prêt à un nouveau scandale, le réalisateur de King of New York s'est plongé dans la vie de Pier Paolo Pasolini, cinéaste de génie italien assassiné en novembre 1975 dans des circonstances encore troubles. Devant la caméra, il dirige Willem Dafoe (Antichrist) dans la peau du metteur en scène italien à qui l'on doit notamment Salo et les 120 jours de Sodome, l'une des oeuvres les plus controversées de l'histoire du 7e art. La bande-annonce, sublimement portée par l'oratorio de Jean-Sébastien Bach, La Passion selon saint Matthieu, est déjà déchirante et sulfureuse.

Très léchée, elle nous dévoile un Pasolini complexe, artiste contesté, humain. Le film suit le dernier jour de Pier Paolo Pasolini, le 2 novembre 1975. À Rome, il retrouve son amant, un jeune prostitué avec lequel il convient d'un rendez-vous avec d'autres "crapules" pour le lendemain soir. Entre-temps, ses proches le mettent en garde : il faut qu'il arrête d'écrire des articles incendiaires contre le pouvoir, c'est trop dangereux. Mais Pasolini veut dénoncer l'injustice, quoi qu'il lui en coûte. "Scandaliser est un droit, être scandalisé, un plaisir", nous dit Pasolini au début du trailer.

Le montage du film, achevé début juin à Bordeaux, sera dévoilé à la Mostra ainsi qu'au prochain festival de Toronto (TIFF), et dans la foulée à Deauville, où Abel Ferrara sera présent le 11 septembre. Pasolini n'a en revanche aucune date de sortie française ou américaine.