Actuellement inculpé pour "agression sexuelle, séquestration de personne et tentative de viol", Dominique Strauss-Kahn risque jusqu'à 20 ans de prison s'il est déclaré coupable. On attend sa comparution devant un juge new-yorkais, après avoir passé la nuit dans une cellule de la police du commissariat de Harlem-ouest, spécialisé dans les "crimes" sexuels. Son avocat à New York, le ténor Benjamin Brafman, a annoncé qu'il plaiderait non coupable et que son client niait en bloc tous les faits dont l'accuse la jeune femme de chambre de 32 ans, employée de l'hôtel Sofitel, qui a déposé plainte samedi, après avoir été, d'après ses dires, agressée sexuellement par le directeur général du FMI.
La femme de chambre d'origine Afro-américiane a été convoquée en fin d'après-midi au commissariat de Harlem, dans le service spécialisé appellé "Unité spéciale des victimes". Elle a formellement reconnu son "agresseur" en la personne de DSK, après que ce dernier lui ait été présenté au milieu d'autres individus, comme dans la série "New York Unité spéciale"... D'autre part, le porte parole de la police new-yorkaise vient de faire savoir que des éléments "confondants" auraient été trouvés dans la suite 2806 de cet hôtel de luxe, et plus particuliérement des traces d'ADN... Un peu plus tôt dans la journée, La police de New York a affirmé avoir également relevé sur le corps de la jeune femme, des échantillons de preuves qui pourraient permettre d'identifier l'ADN du directeur du FMI, accusé notamment d'avoir forcé la femme de chambre à une fellation. Selon la législation de l'État de New York, une fellation non consentie est considérée comme un crime sexuel.
Le responsable de l'hôtel Sofitel a fait une déclaration très positive pour la victime présumée dans l'après-midi. Il a indiqué que la jeune femme travaillait depuis 3 ans dans l'établissement et qu'elle donnait pleinement satisfaction tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel. Ce qui laisse entendre que c'est une personne au dessus de tout soupçon et n'ayant jamais eu le moindre problème avec des clients ou ses employeurs.
Malgré les déclarations optimistes de son autre avocat, William Taylor "Dominique Strauss-Kahn est fatigué mais il va bien. Il va être libéré bientôt", le dossier semble lourd. La comparution de Dominique Strauss-Kahn devant la Cour Criminelle de Justice n'est que la première étape de la procédure judiciaire qui s'est enclenchée à New York. Contrairement au système judiciaire français, dans lequel un juge d'instruction met en examen le prévenu, puis décide ou non de le renvoyer devant un tribunal à l'issue d'une longue enquête à charge et à décharge, la justice américaine repose sur un système accusatoire. Autrement dit, le procureur rassemble les preuves pour démontrer l'éventuelle culpabilité de l'accusé. À la défense de prouver l'innocence de son client.Après sa comparution, le juge devra décider, soit de garder Dominique Strauss-Kahn en détention provisoire, soit de le libérer sous caution. Les spécialistes du droit américain penchent pour cette deuxième hypothèse, tout en restant prudents sur les modalités de cette libération. En effet, le directeur du Fonds monétaire international a été interpellé quelques minutes avant que son avion ne décolle pour la France. Pour les policiers et les médias américains il "fuyait" les Etats-Unis. son départ précipité de l'hôtel, et le fait qu'il ait laissé derrière lui son téléphone portable et plusieurs effets personnels pourraient être retenus contre lui comme des "preuves de la conscience qu'il avait de sa culpabilité". Alors qu'il devait prendre l'avion tard dans la soirée de samedi, Dominique Strauss-Kahn aurait pris en urgence le premier vol pour Roissy Charles de Gaulle et aurait acheté son billet juste avant son embarquement. Il ne serait pas étonnant qu'il soit assigné à résidence sur le territoire américain, peut-être même dans l'état de New-York, avec l'interdiction de voyager.
L'importance de la caution devrait être à la mesure de la lourdeur des charges qui pèsent sur DSK, ce sont des d'accusations "d'une extrême gravité".
Le Fonds monétaire international (FMI) n'a fait qu'une déclaration lapidaire et le moins qu'on puisse dire c'est qu'aucune voix ne s'est élevée pour défendre son directeur général. Rappelons que l'affaire d'adultère de 2008 n'avait pas vraiment été du goût des dirigeants, malgré les excuses de DSK. Les responsables politiques de la zone euro ont assuré dimanche que l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, ne changeait rien ni au fonctionnement au jour le jour de l'institution ni au suivi de ses missions. Plusieurs heures après l'inculpation formelle de Dominique Strauss-Kahn d'"agression sexuelle, de tentative de viol et de séquestration de personne" par le parquet de New York, le FMI a annoncé que John Lipsky, numéro deux de l'institution, assurerait l'intérim à la direction générale.
Rappel des faits :
Les fait dont il est accusé se seraient produits samedi en milieu de journée à l'hôtel Sofitel situé près de Times Square. Un porte-parole de la police de New York a précisé à l'AFP dimanche que la victime, "une femme noire de 32 ans", était entrée dans la suite 2806, croyant qu'elle était vide pendant que DSK prenait une douche. "Il s'est approché d'elle par derrière et l'a touché de manière inconvenante. Il l'a forcée à accomplir un acte sexuel", a affirmé ce porte-parole.
La femme de ménage affirme qu'elle se serait débattue mais il l'aurait traînée dans la salle de bains et l'aurait à nouveau agressée, selon le New York Times. Il l'aurait notamment contrainte à lui faire une fellation. La jeune femme aurait réussi à s'échapper de la suite, alors que DSK avait fermé la porte de la chambre à clef. Elle aurait immédiatement prévenu ses collégues et sa direction... qui a appelé la police.
Dominque Strauss-Kahn reste innocent des faits qui lui sont reprochés. Son épouse Anne Sinclair est enfin sortie de son silence en fin d'après-midi et a fait savoir à l'AFP dans un court communiqué "Je ne crois pas une seule seconde aux accusations contre mon mari. Je ne doute pas de l'innoncence de mon mari". Anne Sinclair se trouvait à Paris (elle assistait hier à l'anniversaire de Patrick Bruel ) depuis quelques jours. Certains laissent entendre qu'elle serait partie à New-York avec les plus proches conseillers de son époux pour l'aider dans sa défense.
La cour criminelle de justice qui a jugé toute l'après-midi des délits de toutes sortes est en train de mettre des barrières et d'installer la salle pour éviter toute bousculade.