Jusqu'à présent, elle n'avait pas voulu se faire connaître des médias mais la jeune Laura Prioul, qui accuse le chanteur marocain Saad Lamjarred de l'avoir agressée, frappée et violée dans la nuit du 25 au 26 octobre 2016 à son hôtel parisien, a décidé de parler. Dans une vidéo postée le 12 novembre sur sa chaîne YouTube, elle raconte sa vérité.
Découvrir vraiment qui c'est
"Après un an de silence, je prends la parole pour que tout le monde sache ce qui m'est arrivé le 26 octobre 2016 et comment toute ma vie a basculé", écrit d'entrée de jeu Laura Prioul, en description de sa vidéo. La jeune femme de seulement 21 ans explique qu'elle n'avait jamais parlé car elle ne voulait "pas faire le buzz" et parce qu'elle avait "peur". Alors que les affaires Weinstein, Rozon ou Spacey ont libéré la parole, elle sort à son tour de son silence et donne le déroulé des faits sur son agression présumée, survenue après une rencontre avec Saad Lamjarred dans une boîte de nuit des Champs-Élysées, où elle faisait la fête.
Laura Prioul dit avoir d'abord eu à faire à "quelqu'un de gentil", qui l'a notamment invitée à sa table pour boire un verre – même si elle affirme n'avoir consommé que de l'eau –, et qui lui a proposé d'aller dans une seconde boîte de nuit, lui promettant qu'un chauffeur la raccompagnerait chez elle quand elle le voudrait. La demoiselle a accepté mais, finalement, le chanteur lui aurait confié que l'établissement n'était pas si bien que ça et que ce serait mieux de finir la fête dans l'hôtel de son ami. Laura Prioul ne cache pas qu'elle a accepté car elle avait envie de continuer à "s'amuser avec cette personne" et de "découvrir vraiment qui" il était. Alors qu'ils étaient quatre dans la chambre d'hôtel, ils ont dû partir au bout d'un moment car ils faisaient trop de bruit et se sont ensuite rendus dans l'hôtel du chanteur, qui avait visiblement réservé tout un étage.
C'était vraiment très bizarre
Laura Prioul décrit ensuite le moment où tout a basculé. Elle affirme que dans la chambre d'hôtel de Saad Lamjarred, ils n'étaient que tous les deux, les deux autres personnes ne les ayant finalement pas retrouvés. Après avoir mis de la musique, ils ont dansé et se sont embrassés une première fois mais, à la deuxième tentative du chanteur, la jeune femme dit avoir tourné la tête et que "cela ne lui a pas plu". Elle dit avoir alors reçu un coup, diffusant même une photo d'une marque rouge sur le dos ainsi qu'une vidéo de sa lèvre gonflée. "J'ai pas compris sur le coup car dans ma tête tout était beau et tout se passait bien", dit-elle. Les coups ont continué de pleuvoir et, dans la violence de l'agression physique, Laura Prioul raconte que l'artiste a fini par la violer.
Après son viol, elle relate s'être enfermée dans la salle de bain mais a elle vite réalisé qu'elle avait besoin de ressortir pour aller chercher son téléphone dans la chambre afin de prévenir quelqu'un. "Je suis rentrée dans la chambre et il était normal. Il me demandait : 'Mais pourquoi tu pleures ? Pourquoi t'es blessée ? Est-ce que tu veux de la glace ?' C'était vraiment très bizarre. Une autre personne complètement", dit-elle. Laura Prioul poursuit en disant qu'elle a doucement ramassé ses vêtements et l'a regardé en le qualifiant de "monstre", déclenchant sa fureur au point qu'il l'aurait poussée sur le lit pour tenter à nouveau de la violer. Après cette bagarre, elle dit qu'elle a réussi à le pousser du lit, à courir dans les couloirs de l'hôtel, où elle aurait reçu l'aide d'une femme de ménage avant que les secours n'arrivent et que la direction ne lui donne des vêtements.
Laura Prioul dit avoir été emmenée au poste de police où elle a porté plainte avant d'être conduite à l'hôpital pour soigner ses blessures et passer plusieurs tests médicaux, notamment pour l'alcoolémie ou la drogue ; le chanteur marocain aurait été sous l'influence de l'alcool et de la cocaïne, relatait Le Monde à l'époque. Elle affirme avoir du prendre un très lourd traitement préventif de trithérapie car Saad Lamjarred ne se serait pas protégé et aurait refusé de se soumettre à un test de dépistage du sida.
Quelques jours après la diffusion de son nom par un blogueur (car elle passait la soirée en boîte de nuit avec une connaissance à lui, explique-t-elle sans le citer même s'il il est de notoriété publique qu'il s'agit du décrié Jeremstar), la demoiselle a alors été harcelée et menacée de mort par les fans du chanteur qui refusaient de croire de telles accusations. Au même moment, on apprenait pourtant que Saad Lamjarred avait déjà été accusé de viol dans le passé, aux États-Unis, puis à nouveau par une autre femme, à Casablanca... Par la suite, elle a été contrainte de changer de numéro de téléphone, de supprimer ses réseaux sociaux et de quitter le domicile de sa maman pour une question de sécurité.
Laura Prioul a été accusée de tous les maux, on lui a prêté de mauvaises intentions. Des faits qu'elle conteste, niant par exemple être escort girl ou dealeuse de drogue. Elle conteste aussi avoir été agressée par des fans du chanteur lors d'une soirée du Nouvel An, affirmant n'avoir même pas quitté son appartement ce soir-là.
D'un point de vue judiciaire, la jeune femme confirme que sa confrontation avec Saad Lamjarred n'a pas eu lieu rapidement, sur les conseils de son avocate et de sa psychologue, qui jugeaient son état physique et mental trop dégradé. Une confrontation a toutefois bel et bien eu lieu. Elle affirme aussi ne pas vouloir de négociations financières avec les avocats du chanteur, notamment représenté par le très médiatique Eric Dupond-Moretti (qui serait payé par le roi du Maroc, Mohammed VI). "Je veux que cette personne finisse derrière les barreaux (...) J'essaye de me battre pour moi mais aussi pour ces autres personnes [les autres victimes supposées de viol, révélées dans la presse, ndlr]", assure-t-elle.
Saad Lamjarred, qui nie tout viol et a été remis en liberté sous surveillance électronique avec interdiction de quitter la France, reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.