Le 14 mai 2011, il y a deux ans maintenant, Dominique Strauss-Kahn était arrêté à New York, formellement inculpé de violences sexuelles. Menotté et présenté devant les caméras, M. Strauss-Kahn avoue aujourd'hui qu'à cet instant précis, il ne comprenait rien, comme le relate l'AFP. Interrogé ce mardi 9 juillet par CNN, DSK, depuis Paris, est revenu sur ce moment "terrible" : "Je ne comprenais pas ce qui se passait, je ne comprenais pas pourquoi j'étais là."
Le 14 mai 2011 débute alors l'affaire du Sofitel à New York. Une affaire qui a été depuis réglée à l'amiable, et dont l'ancien ministre et directeur général du FMI est aujourd'hui délesté. Ce jour-là, il s'en souviendra toute sa vie. Accusé de viol par une femme de chambre guinéenne du Sofitel de New York, Nafissatou Diallo, DSK est alors arrêté par la police.
Dans cette interview accordée à CNN, et présentée par la chaîne américaine comme la première interview en anglais de l'ancien patron du Fonds Monétaire International depuis sa démission de l'institution financière, il déclare avoir ressenti de la "colère".
"J'étais en colère, je ne comprenais pas"
"J'étais en colère, je ne comprenais pas ce qui se passait, je ne comprenais pas pourquoi j'étais là. Je comprenais juste qu'il se passait quelque chose que je ne comprenais pas", a indiqué M. Strauss-Kahn. Avant d'ajouter : "C'est une chose terrible, vraiment. Le problème, c'est que c'est un moment où dans la société américaine et européenne, vous êtes supposé innocent jusqu'à ce que vous soyez jugé coupable." Il évoque ainsi le moment, fréquent aux Etats-Unis, où une personne qui vient d'être arrêtée est présentée aux caméras et appareils photos des journalistes.
"On vous montre comme si vous étiez un criminel"
"On vous montre à tout le monde comme si vous étiez un criminel, à un moment où personne ne sait si c'est vrai ou pas. Vous êtes peut-être un criminel, peut-être pas. La preuve vient après. Ce n'est pas juste de mettre les gens dans cette position devant le reste du monde quand on ne sait pas ce qu'ils ont fait", a poursuivi l'ancien directeur du FMI devant les caméras de la chaîne américaine.
L'extrait de cette interview évoquant l'affaire Sofitel a été dévoilé hier, mardi 9 juillet, par la chaîne CNN. L'interview, elle, sera diffusée en intégralité aujourd'hui, mercredi 10 juillet. Dominique Strauss-Kahn y parle également du système bancaire en Europe.
S'il est aujourd'hui délesté de cette affaire Sofitel - les poursuites pénales ont en effet ensuite été abandonnées par le parquet de New York, qui avait remis en cause la crédibilité de Nafissatou Diallo -, DSK avait malgré tout dû démissionner de son poste directeur général du FMI, après ces accusations de viol. Il a aussi trouvé un accord financier avec Nafissatou Diallo pour arrêter les poursuites qu'elle avait engagées contre lui au civil pour une somme versée par lui, estimée à 5 millions de dollars.
Aujourd'hui, l'économiste et homme politique français demeure inquiété dans une autre affaire, celle du Carlton de Lille pour laquelle il est mis en examen pour "proxénétisme aggravé en bande organisée". En juin, le parquet a requis pour lui un non-lieu. Un très bon signe pour les avocats de Dominique Strauss-Kahn, qui ne doutent plus de l'acquittement de leur client. Côté vie privée, l'ancien ministre et directeur général du FMI est réapparu, à la surprise de tous, sur les marches du Festival de Cannes au bras de sa compagne Myriam L'Aouffir et, un peu plus tard, dans les tribunes des finales du tournoi de Roland-Garros.