Un technicien présent lors du tir accidentel d'Alec Baldwin qui a coûté la vie à une cinéaste sur le tournage de Rust a porté plainte mercredi à Los Angeles pour "négligence" contre l'acteur, la production et l'armurière du film, qui s'est de son côté dite victime d'un "coup monté".
Serge Svetnoy, chef éclairagiste du film, se trouvait à côté d'Alec Baldwin le 21 octobre lorsque ce dernier a actionné un revolver qu'on lui avait présenté comme inoffensif lors d'une répétition. Mais l'arme contenait une munition réelle et la balle a traversé le torse de la directrice de la photographie, Halyna Hutchins, avant de finir sa course dans l'épaule du réalisateur Joel Souza. La cinéaste de 42 ans avait été évacuée par hélicoptère vers un hôpital de Santa Fe, au Nouveau-Mexique, mais était décédée des suites de sa blessure.
Serge Svetnoy affirme dans sa plainte avoir été assourdi par la détonation du revolver, si proche qu'il dit avoir senti le souffle et des résidus de poudre sur son visage. Selon son récit, il s'est ensuite précipité au chevet d'Halyna Hutchins pour l'aider tandis qu'elle sombrait dans l'inconscience. Le technicien dit avoir subi une "détresse émotionnelle grave". "Il n'y avait aucune raison pour qu'une balle réelle se trouve dans ce revolver ou où que ce soit sur le tournage de Rust", souligne la plainte.
"La présence d'une balle dans un revolver représente une menace mortelle pour tous ceux qui se trouvent à proximité", poursuit Serge Svetnoy, accusant de "négligence" les producteurs, dont Alec Baldwin, et tous ceux qui ont eu la responsabilité de l'arme et ont omis d'appliquer les "règles de sécurité élémentaires". Sont notamment visés l'assistant réalisateur David Halls, qui avait remis l'arme à Alec Baldwin en l'informant qu'elle était inoffensive et l'armurière du tournage, Hannah Gutierrez-Reed, qui avait la responsabilité des armes à feu utilisées par l'équipe.
La jeune femme de 24 ans a réaffirmé mercredi avoir ignoré la présence d'une munition réelle sur le plateau. "Nous sommes convaincus qu'il y a eu sabotage et que Hannah est victime d'un coup monté", écrit son avocat Jason Bowles dans un communiqué transmis à l'AFP. Il réclame aux enquêteurs des investigations complètes sur la présence de ces "munitions réelles, sur la façon dont elles sont arrivées dans la boîte de balles factices et qui les a mises là". La procureure du comté de Santa Fe, Mary Carmack-Altwies, a rejeté l'idée d'une machination dans une interview à la télévision ABC. "Nous n'avons aucune preuve", a-t-elle dit.
De son côté, l'assistant réalisateur David Halls a déclaré aux policiers qu'il "aurait dû vérifier" que toutes les cartouches dans le revolver utilisé par Alec Baldwin étaient factices mais a reconnu qu'il ne l'avait "pas fait".
Des policiers devraient être présents sur tous les tournages ayant recours à des armes à feu, a déclaré lundi dernier l'acteur Alec Baldwin. "Chaque tournage de cinéma ou de télévision qui utilise des armes à feu, factices ou non, devrait avoir sur le plateau un policier payé par la production pour s'assurer de la sécurité des armes", a-t-il écrit sur Twitter.
L'enquête de police est toujours en cours et, si aucune arrestation n'a eu lieu, des poursuites pénales ne sont pas exclues si des responsabilités étaient établies.
Depuis le drame, les voix se sont multipliées pour demander un meilleur contrôle des armes à feu sur les tournages, voire leur abandon pur et simple au profit d'armes factices et d'effets spéciaux ajoutés par la suite. Une pétition en ce sens avait recueilli 110 000 signatures lundi et l'acteur vedette Dwayne Johnson, l'un des mieux payés au monde, s'est engagé la semaine dernière à ne plus utiliser d'armes à feu réelles pour ses films.