Cuba est en deuil. Celui qu'on présentait comme le père du cinéma cubain moderne, Alfredo Guevara, mais également intime de Fidel et Raul Castro, est mort le 19 avril à 87 ans à son domicile de La Havane, a annoncé à l'AFP son secrétaire personnel José Ferreiro. "Il est mort vers midi chez lui, nous sommes en contact avec la famille et nous publierons plus tard un communiqué avec les détails," a-t-il indiqué.
C'est en étudiant la philosophie et les lettres à l'université de La Havane qu'Alfredo Guevara rencontre Fidel Castro. Il deviendra docteur en ces matières, et deviendra le fondateur et président de l'Institut cubain de l'art et l'industrie cinématographique (Icaic), l'institution qui a produit la quasi-totalité des grands films cubains depuis un demi-siècle, comme Lucía, d'Humberto Solás, Mémoires du sous-développement et La Mort d'un bureaucrate de Tomás Gutiérrez Alea. La structure d'Etat détient encore le monopole de la production et de la distribution cinématographiques sur l'île, précise Libération. Président de la Cinémathèque de Cuba, Alfredo Guevara fut également en 1979 un des fondateurs du Festival du nouveau cinéma latino-américain de La Havane, qu'il a présidé jusqu'à sa dernière édition en décembre dernier.
Alfredo Guevara s'était notamment distingué pour avoir toujours été l'adversaire de l'instauration à Cuba du "réalisme socialiste" promu par l'Union soviétique, s'efforçant de développer une culture cubaine indépendante. Collaborateur de l'Unesco depuis 1968, il avait été ambassadeur de Cuba auprès de l'organisation en 1983 et avait reçu des mains de son président Federico Mayor la médaille d'Or Federico Fellini, remise pour la première fois à un cinéaste, rapelle l'AFP. En France, il avait reçu du président français François Mitterrand le grade de commandeur de la Légion d'Honneur. "Homosexuel proclamé, il n'a jamais, publiquement en tout cas, émis la moindre critique sur la persécution des artistes gays dans les années 60," écrira Libération.