A 21 ans, cela fait déjà six ans qu'Alizé Cornet s'illustre sur le circuit des grandes en WTA. Six ans après un premier Roland-Garros extrêmement précoce, la Niçoise, ancienne championne junior dont certins se souviennent peut-être dans un épisode du feuilleton L'Instit, est à nouveau en lice sur la terre battue parisienne, où elle n'a jamais fait mieux qu'un troisième tour en simple, en 2008.
Ce n'est pas une grande nouveauté, l'actuelle 78e mondiale a une sensibilité à fleur de peau, et le stress la prive souvent, malgré un jeu solide, de perfer. Elle vient toutefois de franchir sans encombres son premier tour aux Internationaux de France de Roland-Garros, disposant en deux manches et sans trembler de la Tchèque Renata Voracova (6-4, 6-2). Et pourtant, elle avait une pression supplémentaire, comme pouvait le laisser deviner le ruban noir qu'elle portait.
Amie de sa compatriote et consoeur Virginie Razzano, avec qui elle doit également disputer le tableau du double féminin dans le tournoi, Alizé a ainsi tenu à rendre hommage au défunt compagnon de Virginie, Stéphane Vidal, mort lundi à 32 ans des suites d'une tumeur au cerveau dont il était atteint depuis 9 ans. Dans le quotidien L'Equipe, Virginie Razzano, 28 ans, publiait un témoignage-hommage terrible et poignant sur leur amour, leur vie, et sur le fait que Stéphane lui avait caché l'aggravation récente de son état pour la préserver. C'est d'ailleurs pour lui, pour sa volonté, pour son amour et pour sa mémoire, qu'elle a choisi de ne pas renoncer à Roland-Garros, où elle entrera lundi en lice en simple - un moment où elle aura sans doute besoin de toute la sympathie du public.
"C'était quelqu'un que j'aimais beaucoup. A chaque match, je lui dédicacerai mes victoires."
Alizé, elle non plus, n'oublie pas Stéphane, et se dit prête à tout faire pour aider son amie : "Je suis une bonne amie de Virginie, je joue avec elle en double. On voulait faire quelque chose, nous les Françaises, en hommage à Stéphane, montrer à Virginie notre soutien même si on le lui montre au quotidien par nos actes et par notre présence à ses côtés. C'est une période difficile pour elle. J'espère que l'on arrivera quand même à prendre du plaisir en double ensemble, que je vais arriver à l'amuser un peu. Je vais peut-être faire le pitre, ce qui me profitera à moi aussi puisque cela nous relâchera toutes les deux."
Sa victoire du jour, elle la doit et la dédie au regretté Stéphane Vidal : "Cela nous fait relativiser sur le court. J'ai pensé d'ailleurs à cela à un moment quand j'étais trop stressée. J'ai pensé à Stéphane et à ce que vivait Virginie, je me suis dit : j'ai une chance incroyable d'être là. Tout ce stress que je me suis mis, c'est rien par rapport à ce qu'il s'est passé entre eux. A chaque match, je lui dédicacerai mes victoires. C'était quelqu'un que j'aimais beaucoup."