Si les valses qu'il interprète font tourner les corps et les coeurs, les chiffres qu'il génère ont de quoi faire tourner la tête. Ce 1er octobre, André Rieu fête ses 75 ans. Cela fait soixante-dix ans qu'il fait du violon et il ne semble pas prêt de s'arrêter. Sa tournée, qui passera par Lisbonne à la fin du mois d'octobre, fera ensuite le tour des principales villes européennes. Et le calendrier est déjà prévu jusqu'à novembre 2025 ! Certaines années, il a fait jusqu'à 100 dates, remplissant des stades entiers parfois plusieurs soirées d'affilée.
Quant à ses ventes de disques, même si on est loin du Thriller de Jackson qui bat tous les records avec 60 millions d'exemplaires vendus pour ce seul album, André Rieu peut toutefois se targuer d'être le musicien classique qui a le plus vendu de disques au monde, lui qui a conquis 40 millions d'acheteurs entre ses disques et ses DVD, récoltant au passage 500 disques de platine et 270 disques d'or !
La clé de son succès, malgré un énorme revers financier il y a quelques années ? Sa musique, bien sûr. Elle est certes boudée par les spécialistes de classique. En janvier 2016, dans Les Pieds dans le Plat, au micro de Cyril Hanouna, Renaud Capuçon lors d'une interview, l'avait égratigné en évoquant son "niveau pas très élevé" au violon. Mais qu'importe. Ses spectateurs, eux, l'adorent, qui se lancent, au son de ses versions arrangées de Chostakovitch ou de Strauss, dans des danses endiablées.
Son succès tient aussi à ses shows, grandioses et pour lesquels il a besoin de plus de 100 personnes, embauchées à temps plein, parmi lesquelles 60 musiciens. Le folklore qui entoure ses spectacles enfin, lui sert de caisse de résonance. Lorsqu'il se produit à Maastricht, sa ville natale, comme il le fait chaque année, elle se pare aux couleurs d'André Rieu. Les restaurants font des menus spéciaux à son nom, les étals des échoppes débordent de produits à son effigie comme les traditionnels mugs, tee-shirts, écharpes, mais aussi, plus cocasse, des statues en carton grandeur nature, qui le représentent.
Maastricht, c'est aussi la ville où il possède, depuis son acquisition en 1994, un château du XVe siècle. Un rêve d'enfant, qu'il nourrissait depuis la découverte du château de Moulinsart dans Tintin. Cette immense bâtisse de 27 pièces, il offre la possibilité à ses fans de la visiter ! C'est ainsi que lorsqu'il se produit dans sa ville, ainsi que le relataient nos confrères du Parisien en 2019, André Rieu met à la vente un package incluant une place de concert, une nuit dans un hôtel 5 étoiles, et une visite de son château ! Quand ses billets se vendent généralement entre 60 et 140 euros, cette offre spéciale se monnayait 859 euros cette année-là.
À ce prix-là, les visiteurs sont même accueillis dans la propriété par le descendant direct d'André, il s'agit de Pierre, son fils. " Chaque année, je m'occupe moi-même des visites du manoir de mon père, expliquait ce dernier au Parisien. Je crois que c'est important pour les gens d'être accueillis par un Rieu, ils ont vraiment l'impression d'entrer dans notre intimité." En l'occurrence, expliquent nos confrères, seul le rez-de-chaussée, orné notamment d'oeuvres de Marc, l'autre fils de l'artiste, est accessible, lors de ce tour succinct du propriétaire...
Reste que ces prestations mises bout à bout, ces succès accumulés, malgré un scandale retentissant impliquant des mineurs, ont permis au violoniste d'être un peu plus qu'un châtelain en son royaume. Il serait notamment à la tête d'un gigantesque empire immobilier, ainsi que l'expliquait le quotidien La Libre Belgique en début d'année. Il posséderait notamment "des centaines de propriétés" dans Maastricht, lui permettant de toucher de confortables loyers. Autre méthode pour faire fructifier son patrimoine : acheter des biens, les rénover et réaliser d'énormes plus-values, à l'image de cette maison, acquise pour 195 000 euros, qu'il aurait réussi à revendre pour un million d'euros, comme l'affirme La Libre Belgique, qui estime aujourd'hui sa fortune à 25 millions d'euros.
Une fortune dont quelques anecdotes, racontées par nos confrères de Libération, qui avaient rencontré l'artiste il y a quelques années, permettent de donner la mesure ou plutôt la démesure. André Rieu, capable d'aller se produire au Pôle Nord moyennant une somme colossale, emploie notamment un homme pour lui passer un stylo et les photos quand il signe les autographes en tournée ; son orchestre privé, le plus grand au monde, se déplace dans ses propres avions ; cinq bus et huit semi-remorques le suivent dans ses tournées ; il a son propre atelier de couture pour fabriquer les costumes de ses musiciens ; enfin, un homme est payé pour surveiller son violon, un Stradivarius datant de 1732 dont le prix est évalué entre 2 et 3 millions d'euros. Des violons, il en posséderait d'ailleurs une centaine et emporterait chaque soir avec lui les plus précieux pour dormir non loin d'eux. Une nouvelle façon, sans doute, de faire de la musique de chambre.