Souvent décrié par les puristes ou simplement les mélomanes un tant soit peu scrupuleux alors qu'il séduit les foules du bout de l'archet et de son sourire bright, André Rieu cultive également le paradoxe... financier.
A la tête d'un colossal empire discographique et producteur-interprète de spectacles grandioses qui investissent les stades, le grand-père comblé serait dans une situation entrepreneuriale délicate, à en croire le quotidien spécialiste de la finance, Les Echos. La publication annonce en effet une perte de 14 millions d'euros en 2008, concernant la société de production de spectacles (110 salariés, dont 35 musiciens à temps complet) du vulgarisateur en chef des grands thèmes de la musique classique.
Un résultat d'exploitation étonnant, puisque le violoniste à la chevelure cendrée compte parmi les meilleurs vendeurs d'albums internationaux (6e rang mondial, comme le confirmaient ses 95 millions d'euros engrangés en 2009, et un nouvel opus, Forever Vienna, qui s'arrache comme ses prédécesseurs) et réalise des tournées ovationnées et à guichets fermés !
Attentifs au souci du détail et à l'exigence pointilleuse du maestro, qui "dessine les costumes, imagine les décors, choisit les bouquets de fleurs artificielles", Les Echos pointent particulièrement certains désirs dispendieux, dont "la construction d'une réplique du château de la Belle au bois dormant". Le train de vie fastueux d'André Rieu et ses salariés, véritable vitrine clinquante du Batave, est également mis en cause.
La situation semble réellement critique, selon le rapport annuel de l'entreprise, cité par Les Echos : "La continuité de l'entreprise dépend en grande partie de la volonté des banques d'honorer les financements en cours". Le virtuose a mis dans la balance un Stradivarius de 1732 acquis pour environ 1 million d'euros il y a plus de dix ans, et hypothéqué plusieurs immeubles pour calmer ses créanciers.
De la folie des grandeurs à la clé sous la porte ? Ça valse...
G.J.