Les neurones des studios hollywoodiens sont au bord de la dépression. Trois mois après le flop monumental de John Carter chiffré à 200 millions de dollars, Battleship de Peter Berg s'annonce comme le nouveau syndrôme d'une machine rouillée, incapable de prédire le sort de ses superproductions.
Touché, coulé
Le premier week-end sur le territoire américain est un moment crucial pour les studios, qui lisent immédiatement le potentiel économique d'un film. Et avec 25 petits millions, le film d'action Battleship était loin de remplir les objectifs d'Universal. Très loin des 152 millions de dollars empochés par le phénoménal Hunger Games, Battleship était même battu par les 30 millions de John Carter. Adapté du jeu de la bataille navale, le blockbuster maritime a coulé, à peine sauvé par une promotion menée tambour battant par les acteurs.
À l'heure actuelle, Battleship a récolté 290 millions de dollars au box-office mondial, dont seulement 55 millions aux Etats-Unis. Non seulement Universal ne parviendra pas à rentabiliser les coûts de production exorbitants, mais en plus, le résultat au box-office américain, inférieur à celui de John Carter, est clairement une catastrophe.
Un porte-parole du studio a commenté il y a quelques jours : "Cette année, nous avons une perte malheureuse à cause de Battleship et Cinq ans de réflexion." Etant donné que la comédie romantique avec Emily Blunt a coûté sept fois moins cher que le film de science-fiction, cette déclaration accuse directement le film de science-fiction démesuré. Les analystes branchés sur l'économie hollywoodienne prédisent 200 millions de perte pour Universal, confirmant que John Carter a trouvé son triste successeur.
La malédiction Kitsch
Héros des deux blockbusters, Taylor Kitsch ne devrait pas échapper aux conséquences de ces deux contre-performances. Séparés par quelques mois, John Carter et Battleship étaient censés en faire une star bankable incontournable. Cumulés, les échecs des deux films devraient immanquablement lui coûter cher.
Avec 282 millions de dollars empochés pour un budget de 250 millions, sans compter le coût de la promotion estimé à 100 millions supplémentaires, John Carter a été perçu comme une monumentale erreur des écuries de Mickey, déjà ébranlées par le flop du film d'animation Milo sur Mars un an plus tôt. Après avoir annoncé la perte de 200 millions de dollars, le studio demandait au président Rich Ross de démissionner pour tourner une page.
Sur le banc des accusés, le réalisateur Andrew Stanton, épinglé pour ses reshoots et dépassements de budgets incontrôlables, et la star Taylor Kitsch, considérée comme responsable d'une aventure plate. Une belle gueule sans charisme, incapable de porter sur ses épaules un blockbuster qui a dérapé en cours de production. Au beau milieu de la fosse aux lions, l'acteur plie mais ne rompt pas : "Je suis très fier de John Carter. Le box-office ne me valide pas en tant que personne ou en tant qu'acteur." Mais Hollywood n'a pas la mémoire courte, et les prochaines années de sa carrière pourraient bien en être la preuve.
Geoffrey Crété