Depuis le 11 mars 2019, Bernard Tapie et cinq autres prévenus sont jugés au tribunal correctionnel de Paris pour "escroquerie et détournement de fonds public" dans l'affaire du Crédit lyonnais. En cause, l'arbitrage de 2008 dans lequel l'ancien ministre avait obtenu 405 millions d'euros, dont 45 pour préjudice moral. Cela fait vingt-cinq ans que cette affaire le poursuit et, depuis deux ans, il lutte contre un double cancer de l'oesophage et de l'estomac. Il regrette infiniment la peine qu'il inflige à ses proches.
Dans Paris Match, en kiosques jeudi 21 mars 2019, un long reportage sur Bernard Tapie en plein procès. Notre confrère Bruno Jeudy écrit que le "show Tapie fait salle comble" au tribunal et que le premier rôle est clairement tenu par l'ancien patron de l'OM, reléguant ses avocats, les ténors Hervé Temime et Julia Minkoswki, au second plan. À noter que cette dernière est aussi l'avocate de Laura Smet et l'épouse de Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement.
À 76 ans, Bernard Tapie se montre lors de ses interviews avant l'ouverture du procès "tantôt agaçant, touchant, grotesque, menteur, mais aussi bluffant par sa combativité". Pour autant, celui qui fut ministre de la Ville du gouvernement Bérégovoy au début des années 1990 se montre bien plus tendre quand est brièvement évoquée la figure de son épouse depuis trente et un ans, Dominique Tapie, mère de sa fille Sophie Tapie.
Bernard Tapie est conscient de la douleur qu'il inflige à sa famille : à ses enfants et "surtout à sa petite femme". "Je suis en train de lui pourrir la vie", regrette-t-il tout de go. Il y a ce nouveau procès, ce double cancer... "Psychologiquement, le procureur me fait plus chier que mon cancer, assure Bernard Tapie. Quand on accumule les deux, ça fait beaucoup." Et pour affronter la justice, il a pris une décision radicale comme il l'expliquait début dans le Journal du dimanche : "Parce que je veux avoir toute ma lucidité pendant le procès, j'ai décidé d'arrêter tous les traitements – plus de chimiothérapie, plus d'antidouleurs, rien ! Il faut que je sois au top, j'espère y arriver." Pendant l'audience, il regrette néanmoins que sa mémoire, atteinte par la chimiothérapie, lui fasse parfois défaut. À ses avocats alors de plonger dans les innombrables dossiers qui "envahissent les bancs de la défense", décrit Paris Match, pour lui retrouver le détail dont il a besoin sur le champ.
Ce procès doit se tenir jusqu'au 4 avril. Après, Bernard Tapie entend convaincre son éditrice de le laisser écrire sur les hôpitaux et l'industrie pharmaceutique. Il tournera ensuite cet été pour Claude Lelouch, dans l'espoir de retrouver un peu de force de vie, comme l'avait fait, remarque-t-il, la tournée des Vieilles Canailles pour Johnny Hallyday.