
Lors de l'été 2003, Marie Trintignant est morte après avoir été rouée de coups par son compagnon de l'époque Bertrand Cantat. Quelques jours après ces sombres heures qui se sont déroulées à Vilnius (Lituanie), la comédienne est morte en France. Bertrand Cantat, lui, était incarcéré sur place. A l'époque, une femme et pas n'importe laquelle, l'a soutenu. Il s'agit de Krisztina Rády.
Krisztina Rády a été l'épouse de Bertrand Cantat. En 1993, ils se rencontrent lors d'un festival de musique en Hongrie, pays dont elle est originaire. Ils se marient en 1997 et ont eu deux enfants ensemble.
Malgré leur idylle qui a pris fin en 2002, Krisztina, interprète et traductrice de formation, est arrivée le 27 juillet - Marie Trintignant a été frappée dans le nuit du 26 au 27 juillet - en Lituanie pour soutenir l'homme avec qui elle était encore mariée. Leur fille n'a que 10 mois à l'époque et pour elle, sa place est auprès du père de ses enfants. "Pendant toute cette époque, entre le drame, les interrogatoires, le procès et le transfert en France de Bertrand, elle a montré un courage exemplaire. Quand on lui demandait comment elle allait, elle disait : 'Je dois lui sauver la vie. Moi, je verrai après'", avait déclaré une de ses amies à Paris Match. Alors Krisztina témoigne devant le juge, dit que le leader de Noir Désir ne l'a jamais frappée. Des déclarations qui ont apparemment joué dans la condamnation de Bertrand Cantat qui a écopé de 8 ans de prison - il en encourait 12. "Kristina a rapidement compris aussi qu’il ne fallait pas qu’elle divorce. Elle aurait légitimement pu en faire la demande, tout le monde l’aurait compris. Mais elle souhaitait que Bertrand voie ses enfants, c’était un gage supplémentaire pour la justice", poursuit son ami pour Paris Match. Une fois transféré en France, Cantat a en effet pu voir ses enfants lors de quelques jours de permission.

Les années passent, Cantat sort de prison - en 2007 pour bonne conduite - Krisztina Rády et lui se remettent en couple, elle semble heureuse. Mais en 2009, c'est fini avec Bertrand et elle rencontre François Saubadu. Un an plus tard, en 2010, elle se suicide. Elle a 41 ans.
Évidemment, l'affaire fait grand bruit à l'époque. La famille de la mère de famille avait alors accusé Bertrand Cantat d'avoir eu un comportement violent envers elle. "D'une certaine manière, il la terrorisait. Il avait plusieurs fois cassé ses téléphones, ses lunettes. Il menaçait les hommes qui l'approchaient, il lui avait même cassé le coude", déclaraient ses parents, Csilla et Ferenc Rady, dans Paris Match en 2013. Le livre Bertrand Cantat, Marie Trintignant : l'amour à mort publié en juin 2013 et écrit par Frédéric Vézard et Stéphane Bouchet, évoquait également la violence du rockeur. Il y était dévoilé la transcription d'un message téléphonique que Krisztina Rady aurait laissé à ses parents en juillet 2009 et dans lequel elle présente Bertrand Cantat comme violent, voire "fou" et dire songer "à s'enfuir".
Nouveau rebondissement en 2017 quand Le Point a publié une enquête sur "l'omerta" autour de Bertrand Cantat. Anonymement, un des quatre membres de Noir Désir a affirmé que Krisztina Rády avait menti au moment du procès du chanteur afin que ses enfants ne découvrent pas "que leur père était un homme violent". "Nous avons tous décidé de mentir. Nous étions tous sous son emprise", explique le membre du groupe. D'autres anonymes racontaient alors avoir été témoins de scènes violentes concernant Cantat et Krisztina. Dans l'enquête du Point, la jalousie extrême de Bertrand Cantat était également évoquée. Le journal avait mis la main sur un mail de Krisztina envoyé à François Saubadu. Un message datant de 2009 : "Je suis à bout de forces, Bertrand est extrêmement jaloux de toi. (...) Il vérifie tout, chaque mot peut faire éclater une dispute. (...) S'il apprend quoi que ce soit, ce sera la fin de mon histoire ici-bas . (...) Je t'en supplie, n'appelle pas, l'iPhone a déjà été cassé lundi pour cela. L'autre, comme tu continuais, j'ai dû le cacher, car s'il apprend que tu connais mon numéro, c'est fini pour moi."
Si l'on reparle aujourd'hui de Krisztina Rádyn, c'est parce que presque 22 ans après la mort de Marie Trintignant, Netflix sortira le 27 mars prochain, De rockstar à tueur, le cas Cantat, réalisé par Zoé de Bussierre, Karine Dusfour, Anne-Sophie Jahn et Nicolas Lartigue. Anne-Sophie Jahn a accordé une interview à Vanity Fair dans laquelle elle revient sur cette affaire et insiste pour que Krisztina Rády ne soit pas oubliée. Elle lui accorde d'ailleurs une grande place dans le documentaire. "Krisztina Rády est vraiment la grande oubliée de l'histoire. Son histoire est tout aussi touchante que celle de Marie Trintignant parce qu'elle a été complètement oubliée, effacée. Et pourtant, ce qu'elle a vécu est absolument terrible. Grâce à des documents, notamment un message vocal qu'elle a laissé à ses parents, on l’entend raconter ce qu'elle a vécu : des violences elle aussi", déclare-t-elle.