Brigitte Fontaine n'arrête jamais. Elle n'arrête jamais d'écrire, tout d'abord. Après avoir signé sept des titres du dernier album en date (Mister Mystère) d'un Matthieu Chedid conquis, elle a encore trempé sa plume pour Maurane et Daho - des compositions qu'on découvrira dans les mois à venir.
La collection bibliographique à son nom continue également à s'agrandir, avec, l'an dernier, la publication aux éditions Belles Lettres-Archimbaud de trois recueils de textes (L'Inconciliabule - réédition - ; Rien, suivi de Colère noire ; Contes de Chats, illustrés par Sempé), puis Le bon peuple du sang (Flammarion, 2010) et Portrait de l'artiste en déshabillé de soie (à paraître).
Elle n'arrête pas de parler, non plus. Et qu'il s'agisse d'apparitions télévisées ou radiophoniques, ou encore de prestations live, sa langue septuagénaire n'est pas rassasiée.
Vieille bique et femme-enfant (de son propre aveu), Brigitte Fontaine signait fin 2009 une énième réalisation discographique : Prohibition (Polydor), réalisé avec Ivor Guest et son partenaire de toujours Areski Belkacem, et sur lequel ont été conviés Grace Jones et Philippe Katerine, avait fait sensation avec le refrain de son single-titre - "Je suis vieille et je vous encule/Avec mon look de libellule/Je suis vieille et je vais crever/Un petit détail oublié".
Poésie charnue et âpre, la faconde rugueuse et la diction carnassière de Brigitte Fontaine se meuvent sur cet album dans une posture contestataire, vindicative, comme un écho à son ouvrage Le bon peuple du sang.
"Les malades sont prohibés/On les jette dans les fossés/A moins qu'ils n'apportent du blé/De la tune aux plus fortunés", persifle-t-elle en pointant du doigt la formule Liberté-Egalité-Fraternité. Avant de ponctuer "Je vais m'inventer d'autres cieux/Toujours plus vastes, plus précieux (...) Je suis vieille, sans foi ni loi/Si je meurs, ce sera de joie".
G.J.