Bruno Metsu : L'espoir d'un cancéreux en phase terminale
Publié le 31 juillet 2013 à 22:00
Par Benoit Z.
Bruno Metsu et son épouse lors de la Dubaï World Cup, course hépique se déroulant à Dubaï le 31 mars 2007 Bruno Metsu et son épouse lors de la Dubaï World Cup, course hépique se déroulant à Dubaï le 31 mars 2007© Abaca
Bruno Metsu, alors coach du Sénégal, lors de la coupe du monde 2002 lors du match face au Danemark, le 6 juin 2002 à Daegu
Bruno Metsu lors d'une conférence de presse d'après-match avec le Qatar, janvier 2011
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Véritable globe-trotter du football, Bruno Metsu s'est taillé une solide réputation en Afrique et dans le Golfe après avoir traîné ses guêtres sur les prés de première division, où il disputa pas moins de 209 matches. Son fait d'armes ? Avoir battu les Bleus champions du monde avec le Sénégal en 2002 en ouverture de la Coupe du monde avant de pousser jusqu'en quart de finale. Depuis, ses talents ont fait merveille dans les clubs des pays du Golfe et à la tête des sélections des Émirats arabes unis et du Qatar.

"Vous êtes en phase terminale de cancer"

Mais depuis le mois d'octobre 2012, Bruno Metsu a perdu de sa superbe, son style de playboy aux longs cheveux s'est envolé en même temps que 17 de ses kilos. Car le Français se bat contre trois cancers. "Le match de sa vie", comme il le dit. L'Équipe est allé à la rencontre de cet homme au caractère bien trempé, à l'enthousiasme débordant, qui, entouré de sa famille, se bat pour repousser l'échéance.

C'est à Dunkerque, où il a pris ses quartiers, aux côtés de de sa femme Viviane et leurs enfants Enzo, Noah et Maeva, âgés de 9, 6 et 3 ans, que le quotidien sportif est allé recueillir le témoignage plein d'espoir de cet homme qui a dû quitter son poste à Al-Wasl à Dubaï, où il avait pris la succession d'un certain Maradona.

La maladie, Bruno Metsu l'a rencontrée aussi soudainement qu'une frappe de Cristiano Ronaldo. "Nous étions en stage de pré-saison en Allemagne et, un après-midi, un orage a éclaté. J'ai pris un coup de froid terrible, je croyais que j'avais la crève. J'étais très, très fatigué, j'avais des douleurs au ventre", raconte-il. Quelques semaines plus tard, à Dubaï, alors qu'il dirige un match depuis le banc d'Al-Wasl, Bruno Metsu est à la limite du malaise. Nous sommes en octobre 2012 et l'entraîneur décide de faire des examens : "Je vais faire des analyses de sang et le gars m'annonce, sans y mettre les formes : 'Vous êtes en phase terminale de cancer. Vous avez des cancers du côlon, du foie, du poumon.' On m'a donné trois mois. Là, c'est un choc énorme. J'étais avec Viviane, ma femme, et on s'est mis à pleurer."

Sa famille et ses proches pour vaincre la maladie

Dix-huit chimiothérapies plus tard, le mal semble se stabiliser, voire régresser, et Bruno Metsu confie avoir repris deux kilos depuis son arrivée à Dunkerque. "Aujourd'hui, oui, je joue le match de ma vie, confie-t-il en employant une expression si chère aux footeux. Je suis à la mi-temps et je veux le gagner avant la prolongation." Heureusement, l'homme peut compter sur ses proches, ses anciens collègues, joueurs de foot, entraîneurs et personnalités du ballon rond, pour surmonter la maladie. "C'est une épreuve mentale, morale très forte et tu ne dois pas te laisser aller", poursuit-il, expliquant que son témoignage dans L'Équipe fait partie de la thérapie et doit permette de donner de la force aux autres, à l'instar des reportages sur Éric Abidal, qui avait subi une greffe du foie en avril 2012.

Aujourd'hui, Bruno Metzu possède un allié de poids face au cancer. Sa famille : "Ma famille a été tout pour moi, ma femme a été exceptionnelle, elle a tout géré et je ne sais pas comment elle fait parfois. C'est un soutien moral incroyable (...) Je vis normalement, je ne me considère pas comme malade, je suis avec les enfants, je joue au foot. Bon, là, j'ai du mal car je suis vite cuit, mais ils doivent avoir une bonne image de moi. Et, à part Enzo, le grand, 9 ans, qui pose des questions, les autres ne comprennent pas. Le petit, Noah, qui a 6 ans, me parle de plaquettes, de globules rouges, blancs, mais sans rien saisir. C'est génial !"

Entre la vie et la mort

Bruno Metsu n'a rien perdu de son enthousiasme et de son caractère bien trempé, au grand étonnement de ses amis, surpris de le voir aussi en forme malgré les lourds traitements (jusqu'à 20 cachets par jour...). Et pourtant, le coach aurait pu ne jamais partager ces derniers mois avec ses proches. "En février, on ne s'est pas rendu compte que j'avais une pneumonie et j'ai fait de la chimio dessus, raconte l'entraîneur aux yeux bleus. Je suis resté dix jours entre la vie et la mort. C'est l'épreuve la plus difficile que j'ai connue (...) Je me suis réveillé au moment où ils venaient de lui dire de prévenir la famille que ça pouvait être la fin. Car 90% des gens ne survivent pas dans cet état. Mais j'ai eu un instinct de survie terrible." Car Bruno Metsu est allé loin. Très loin même : "Je voyais les nains de Blanche-Neige dans ma chambre, j'avais tellement d'hallucinations que je discutais aussi avec Martin Luther King et Otis Redding (rires). Véridique. Honnêtement, si j'avais été seul, sans ce magnifique entourage, je me serais laissé partir. Si tu es seul, pourquoi souffrir autant ?"

Maradona, hôtel et émirs du golf

Le sourire retrouvé auprès de sa famille et des ses amis des quatre coins du monde, Bruno Metsu revient également sur le formidable élan de générosité dont il a été le destinataire après avoir révélé sa maladie. A Diego Maradona, avec qui il a échangé des heures durant, s'ajoute José Mourinho, qui lui avait rendu hommage en ces termes : "Mais je connais Bruno ! Je suis l'entraîneur de l'Europe, lui c'est l'homme du monde." Ses anciens joueurs du Sénégal, Samuel Eto'o, Didier Drogba, Dominique Rocheteau, Roger Boli sont ainsi tous venus le voir. Et bien d'autres encore : "Des big boss du Golfe, prêts à m'envoyer au Japon, à Houston avec leurs avions privés, voir les plus grands professeurs. Ça me donne de la force tout ça."

La force de travailler encore et toujours sur ses projets, notamment un hôtel à Sally au Sénégal, où il possède une maison. Bruno Metsu planche ainsi chaque jour sur les plans et les travaux pour voir sortir de terre ce projet. Mais également Aspire Qatar, un centre de formation pour jeunes joueurs qui ouvrira ses portes à cinq cents mètres de sa demeure sénégalaise. "C'est une belle opportunité de continuer, reconnaît-il. Je me suis toujours occupé des enfants, j'ai eu autant de plaisir à entraîner la Gambardella (équipe de jeunes des -19 ans, ndlr) de Beauvais que les pros."

Revenu de loin, Bruno Metsu savoure chaque instant passé avec sa famille : "Aujourd'hui, je vois mes enfants grandir. J'ai vécu neuf mois de bonheur à leurs côtés, j'aurais pu me morfondre mais c'est tellement mieux que le foot, ce que je vis avec eux. Sans ça, je n'aurais jamais connu ces valeurs familiales. Et c'est magique."

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