Comédien accompli, qu'on a pu retrouver ce mardi au petit écran dans L'Appât, le brûlot cinématographique adapté d'une histoire vraie qui le révéla aux yeux du grand public, Bruno Putzulu a déjà démontré ses aptitudes de caméléon (également le nom de l'association qu'il soutient) - un art de la comédie qui lui a permis de mener de front son parcours aussi bien au cinéma qu'à la télévision et au théâtre.
Et s'il sera en 2010 encore à l'affiche de plusieurs productions (Et si, de Serge Lalou ; Les insomniaques, de son complice régulier Jean-Pierre Mocky), c'est au rayon des disques que l'on peut découvrir une autre de ses facettes, avec son premier album : Drôle de monde !
Plus de dix ans après avoir reçu le César du meilleur espoir pour Les Petits désordres amoureux d'Olivier Péray, l'ancien sociétaire de la Comédie-Française avait fait un premier pas dans cette nouvelle dimension en participant à l'album collectif Chez Leprest (avec Olivia Ruiz, Sanseverino, Michel Fugain, Nilda Fernandez, Jacques Higelin...) réalisé en hommage à l'indispensable Allain Leprest, une de ses idoles musicales.
L'intéressé décrypte et commente son passage à l'acte :
"Quelques expériences d'écriture provoquées par des rencontres - un livre d'entretiens avec Philippe Noiret, une chanson pour Johnny Hallyday et des chroniques dans L'Equipe Magazine - m'avaient chatouillé la plume. Comme l'envie de chanter me chatouillait aussi depuis longtemps, cela s'est traduit par des petits textes qui pouvaient bien avoir l'air de chansons.
Mais "c'est l'air qui fait la chanson" et ce fut une nouvelle rencontre, celle de Bob Lenox, compositeur présenté par mon ami Tony Baillargeat qui donna corps à tout ce qui n'était alors que des velléités."
Un séjour en studio à Berlin et une rencontre plus tard, avec Didier Pascalis, directeur du label Tacet et producteur d'Allain Leprest, le tour est joué, et Bruno Putzulu, 43 ans dans quelques jours, offre à qui voudra son univers, volontiers nostalgique quand il s'agit du décor eurélien de sa commune de Toutainville ou de l'enfance qu'on tente de faire revivre depuis son - plus ou moins - lointain passé. Des chansons-témoignages qui, pour certaines, donnent le premier coup de pinceau dès leur titre, à l'instar de Quand j'étais p'tit, Les larmes de mon enfance, Toutainville, Où vont les chevaux quand ils dorment.
Tour à tour complainte liminaire (L'amour), désir d'évasion empli d'espièglerie et servi dans une couleur de folklore d'Europe centrale (Tchecker tchecker tchecker), manifeste pessimiste construit autour d'un "si" (Drôle de monde), swing tourbillonnant de souvenirs (Amis), retour en enfance uptempo quasi countryesque (Moitié on moitié off), confessions d'un séducteur patenté (Cupidon pardon) : autant de facettes, tantôt patinées, tantôt satinées, du dernier personnage en date de Bruno Putzulu.
Elsa, revenue l'an dernier sous son nom complet (Elsa Lunghini), joint sa voix sur J't'aimais, j't'aime plus, une reprise délicate de la chanson douce-amère d'Yves Simon (lequel nous réjouissait en revenant sur scène en 2007 après 30 ans d'absence, puis en 2008 à l'Olympia).
Bruno Putzulu, Drôle de monde, sortie le 14 mai 2010. Infos et écoute en cliquant ici.