Cinquante ans qu'elle n'avait plus parlé français, depuis le temps de ses études à Paris : pourtant, à l'occasion de son grand retour dans la capitale française lundi 27 mai 2013 pour ce qui constitue sa première mission officielle en solo à l'étranger, Camilla Parker Bowles a gratifié son auditoire d'un joli discours dans la langue de Molière, en visite au siège de l'association Emmaüs.
Le regard est rivé sur la feuille, où peut-être des aides phonétiques la guident, les inflexions sont particulièrement anglaises et certains mots paraissent soudainement exotiques, mais le seul exercice honore l'épouse du prince Charles, représentante zélée de la couronne britannique, à l'affabilité remarquable. Récemment menée à un niveau supérieur d'engagement au sein de la famille royale par son invitation à l'inauguration rituelle du Parlement par la reine Elizabeth II, la duchesse de Cornouailles, mariée au prince de Galles depuis 2005, semble confirmer par cette visite officielle de deux jours inédite en terre étrangère que 2013 est une année charnière pour elle, qui a de plus en plus l'étoffe d'une reine consort après avoir été tant honnie...
Et pour son déplacement à Paris, Camilla ne devait pas faire dans la figuration, ayant un emploi du temps chargé à assumer en un laps de temps serré. Dès lundi après-midi et son arrivée en Eurostar - son "premier et peut-être dernier" voyage solo, a-t-elle plaisanté avant d'embarquer à St. Pancras pour un trajet qu'elle a pu mettre à profit pour réviser son discours -, c'est à Bougival qu'elle se rendait. Marraine royale d'Emmaüs UK depuis 2006, la duchesse, âgée de 65 ans, venait à la rencontre de deux des cent quinze communautés françaises de l'association d'aide aux pauvres créée par l'abbé Pierre en 1949 à Paris, afin de mieux en connaître les origines et les fondements.
La duchesse de Cornouailles était accompagnée de trois résidents d'Emmaüs (Mary Rigg de Hastings, Rob Daines de Coventry, Scott Alvey de Cambridge), avec lesquels elle a voyagé en toute simplicité, sans fioritures autres que coiffeur, styliste et gardes du corps, tandis que son époux le prince Charles était en découverte agro-alimentaire au château allemand de Langenburg (Bade-Württemberg). L'occasion d'évacuer le stress en plaisantant : "Je n'ai pas parlé français depuis mes 16 ans et je ne dirais pas que c'était évident déjà à l'époque. Mais on m'a persuadée de faire un discours en français. (...) Si ça ne se passe pas bien, il faudra que je me mette à applaudir bruyamment pour le masquer. Je vous donnerai le signal pour venir à ma rescousse, aussi", déclara-t-elle avec un humour qui ressemble à s'y méprendre à celui de son mari.
Camilla Parker Bowles ne venait pas en terre totalement inconnue, ayant déjà fréquenté officiellement Paris à plusieurs reprises ces dernières années avec le fils de la reine, notamment en novembre 2008, bien des années après y avoir passé un semestre à étudier le français et la littérature française à l'Institut britannique, en 1963. Elle a été chaleureusement accueillie à Bougival, site d'Emmaüs qui permet de récolter chaque année 3 millions d'euros via la vente d'objets récupérés (elle a notamment pris le temps d'inspecter meubles, livres et bijoux), avant de se déplacer sur celui de Chatou, toujours dans les Yvelines, pour y inaugurer officiellement un atelier de réparation ouvert en 2011, où une table de style victorien a notamment retenu son attention. "Nous avons beaucoup à apprendre de nos cousins français et j'ai été extrêmement impressionnée par tout ce que vous avez accompli ici. Vous devez en être très fiers et je suis sûre que l'abbé Pierre le serait également", avait-elle déclaré à Bougival, dans un français "un peu rouillé" qu'on lui pardonne volontiers, lors de son court discours.
Dans la soirée, Camilla Parker Bowles prenait part à l'ambassade de Grande-Bretagne à Paris à une réception en l'honneur des expatriés britanniques ayant réussi en France. Mardi, c'est en sa qualité de marraine de la Fédération britannique d'équitation qu'elle devait assister à une démonstration équestre de la garde républicaine.