Sitôt les championnats d'Europe de natation 2010 refermés, France Télévisions se félicitait, outre du sensationnel bilan tricolore, des remarquables audiences réalisées par la retransmission des épreuves en direct de Budapest. Et si l'engouement grandissant pour la discipline, depuis qu'une certaine Laure Manaudou l'a faite entrer dans une nouvelle ère médiatique (serait-elle prête à récidiver ?), ainsi que la suprématie de la délégation française, n'y sont sans doute pas pour rien, le style, dans et (surtout) en dehors des bassins, de nos nageurs, a attisé la gourmandise des spectateurs.
De Hongrie, les Tricolores sont rentrés avec une collection inédite de médailles : 21 - 8 en or, 7 en argent, 6 en bronze -, nouveau record. Comble de la fierté nationale, cette moisson place la France largement en tête du classement des nations, loin devant les incontournables Russie (12 médailles, 7 en or) et Grande-Bretagne (18 médailles, 6 en or), mais aussi sur la 3e marche du podium en englobant les autres épreuves (plongeon, natation synchro, water polo) de ces championnats aquatiques 2010.
Et si Alain Bernard, tête d'affiche attendue, a fait le spectacle - d'abord décevant sur le 4x100 nage libre, puis superbe sur la distance reine du 100m nage libre -, le grand public s'est délecté en découvrant de nouveaux profils, particulièrement... éclectiques. Et, donc, attachants. Car si les garçons dans le vent de la natation française sont de véritables machines athlétiques, ils n'en sont pas moins de tout jeunes hommes : de 18 ans pour Yannick Agnel, à bientôt 29 ans pour Hugues Duboscq.
Les traditionnelles interviews menées par Nelson Monfort (toujours avec exubérance, parfois avec un peu "trop" d'humour), au sortir du bassin, ont permis, notamment, de savourer la fraîcheur et la verve (voir son interview ci-dessus) du très jeune champion d'Europe Agnel, qui a ouvert le bal avec son triomphe magnifique sur le 400m nage libre.
Le quotidien L'Equipe, pour sa part, a réuni les commentaires croisés de 4 (Yannick Agnel, Frédérick Bousquet, Sébastien Rouault, Camille Lacourt) de nos valeureux champions. Un exercice édifiant, qui livre 4 portraits croquignolets à souhait : Agnel l'intello-poète, Lacourt le beau gosse (ce que tout le monde avait remarqué, n'est-ce pas ?), Bousquet la fashion victim, Rouault la grande gueule.
Yannick Agnel - 18 ans - champion d'Europe du 400m nage libre, vice-champion d'Europe du 100m nage libre, en bronze sur le 4x200 : l'intello.
Le nageur nîmois licencié à l'Olympic Nice Natation, du haut de ses 18 ans et tout juste débarqué dans l'équipe, est... "l'intello de la bande". Yannick est "le plus réservé", remarque Rouault. Lacourt, assez expert en la matière, insiste sur la folie sous le calme apparent : "C'est vrai aussi que c'est l'intello du groupe mais à coté de ça il est quand même assez déjanté". Le plus éloquent à propos du "poète" Agnel, c'est Fred Bousquet : "Il est vraiment facile à vivre. C'est un garçon qui a toujours le sourire. Ca me plaît de l'écouter parler. J'ai l'impression que c'est un poète quand il s'exprime. Il utilise toujours de belles formules. C'est toujours agréable. Ca fait du bien d'avoir un gars comme ça dans l'équipe. Je ne vois pas encore ses défauts."
Sébastien Rouault - 24 ans - double champion d'Europe sur 800m et 1500m nage libre : l'ambianceur.
Le nageur yvelinois du Mulhouse Olympic Natation cache bien son jeu. Et ses compères sont tous d'accord : c'est la grande gueule du groupe - dans le bon sens de la formule. Si Fred disait d'Agnel qu'il est "la tête pensante" de l'équipe de France, Lacourt dit de Rouault que c'est "la voix de l'équipe de France" : "c'est quelqu'un qui aime bien clasher les autres, il aime bien rigoler de ça et il en prend pas mal en retour". "Adorable", "super" et qui "met de l'ambiance", selon Agnel, Bousquet semble également apprécier son exubérance : "c'est un mec qui fait du demi-fond mais qui a une " gueule " aussi grande que les sprinteurs. Il est très "grande gueule", il est tout le temps en train de chambrer (...) A mon avis il est frustré de ne pas pouvoir faire du 50 et du 100m. En plus il se fait tout le temps chambrer parce qu'il est supporter du PSG."
Frédérick Bousquet - 29 ans - champion d'Europe du 50m nage libre et avec le relais 4x100 4 nages, vice-champion d'Europe sur 50m pap' : la fashion victim.
Effectivement, le jeune Agnel a le sens de la formule. De Fred, il dit : "C'est le mec le plus cool du monde après Fonzie." Mais pour Rouault, le plus flagrant, c'est la coquetterie du compagnon de Laure Manaudou : "c'est le beau gosse. Il fait attention à sa façon de s'habiller. Il soigne son style. Il n'est pas maniaque mais il aime bien les fringues, il aime bien la mode." Le Narbonnais Camille Lacourt confirme complètement, mais insiste également sur la disponibilité du Perpignanais : "C'est vraiment quelqu'un qui est toujours là pour aider les autres, quelqu'un de vraiment sympa. Même en dehors de la piscine, il est toujours là si on a besoin de lui." Confirmation en images ci-dessus, avec la séance de pose de Bousquet, Gilot, Meynard et Lacourt, au Cercle des Nageurs de Marseille, le 18 août 2010.
Camille Lacourt - 25 ans - triple champion d'Europe, sur 50m et 100m dos, et avec le relais 4x100 4 nages : le beau gosse déjanté.
Si Rouault fait dans le laconique, décrivant "un mec rigolo, marrant, déconneur. Parfois peut-être un peu déjanté", Yannick Agnel dresse le portrait d'un garçon explosif : "Le terme déjanté convient parfaitement. Tout à l'heure on a le 20h de TF1 et j'ai presque peur qu'il mette le plateau sens dessus dessous. C'est l'excentrique de la bande (...) Ça fait un bien fou à l'équipe, c'est génial." Fred Bousquet semble également sensible au caractère incontrôlable du Catalan, qu'il compare à... Taz : "C'est un peu le fou-fou. Il est plein d'énergie. J'en ai deux dans le club comme lui, il y a aussi William Meynard. Et les deux ensemble forment une tornade. Ils me font penser au diable de Tasmanie, dans les dessins animés. Il peut péter un plomb, partir dans tous les sens mais toujours dans la rigolade. Je l'ai rarement vu énervé."
On appréciera également la franchise de ces gaillards, qui n'ont décidément pas peur de... se mouiller.
G.J.