Cogan - La Mort en douce (Killing Them Softly) et Sur la route font partie des films événements en compétition pour la Palme d'or du Festival de Cannes, notamment en raison de la présence de stars au casting, Brad Pitt pour l'un, Kristen Stewart pour l'autre. Ils sont attendus sur la Croisette et les nombreux journalistes internationaux présents se sont armés de leurs meilleures questions pour les interviewer. Cependant, accéder à une telle rencontre s'avère coûteux... voire très coûteux. Une grille de tarifs destinée aux journalistes canadiens crée la polémique et ils sont de plus en plus d'entre eux, français ou étrangers, à s'insurger contre cette pratique. Une première au Festival de Cannes.
Tout commence quand Alliance Films, société de distribution de Cogan - La Mort en douce et de Sur la route, transmet, pour des interviews avec Brad Pitt, tout à fait charmant pour le photocall, une grille de tarifs à des journalistes canadiens, comme ceux de Macleans.ca. Pour vingt minutes avec la star, il faut débourser 2 500 euros. Pour Kristen, star de Twilight et héroïne de Sur la route, ce sera 1 000 euros. Les tarifs ainsi proposés par le distributeur canadien varient en fonction des personnalités, mais aussi du média (chaîne de télévision, presse écrite), selon la presse canadienne.
Télérama.fr, reprenant Macleans.ca, fait un listing détaillé des offres de prix.
"Pour parler à Walter Salles, Sam Riley, Garrett Hedlund, Kristen Stewart (On the road), il aurait donc fallu débourser :
1 500 euros pour quatre interviews TV en tête à tête
750 euros pour des interviews écrites en groupe autour d'une table
1 000 euros pour des interviews écrites en tête à tête
Pour parler à Brad Pitt, Scoot McNairy, Ben Mendelsohn, James Gandolfini, Richard Jenkins ou Andrew Dominik (Killing Them Softly), c'est un peu plus cher :
3 000 euros pour des interviews TV (deux acteurs groupés)
2 000 euros pour des interviews écrites en groupe autour d'une table
2 500 euros pour des interviews écrites en tête à tête (Brad Pitt n'en fait pas)."
Une situation aberrante qui n'est pas exclusivement réservée aux Canadiens. Les interviews de nombreux journalistes français ont été annulées pour cause de gros sous... Le journal allemand Der Spiegel annonce également que des journalistes allemands qui souhaitaient interviewer Nicole Kidman et Matthew McConaughey pour leur participation au film The Paperboy (également en compétition à Cannes) ont également été contraints de payer.
Le distributeur s'est expliqué sur cette démarche : faire venir une star à Cannes engendre beaucoup de frais (l'hôtel, le coiffeur, le maquilleur, etc.) que le producteur impute au distributeur. Ce dernier serait donc obligé de demander une "participation" aux journalistes. Des arguments bien loin de convaincre les médias.
Un boycott a donc été entrepris contre ces interviews payantes. Brian Myles, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, a déclaré dans les médias de son pays : "Il y a un principe simple voulant que nous n'ayons pas à payer pour avoir accès à de l'information. Si les médias commencent à s'embarquer dans ce jeu, un jour, seuls les plus gros auront accès aux célébrités. On ouvrirait ainsi la porte à une mercantilisation de l'information où nous serions tous perdants."