En décembre 2008, Carla Bruni-Sarkozy est officiellement nommée ambassadrice de la lutte contre le sida par les Nations-Unies au titre du Fonds mondial de lutte contre le sida, d'ONU-sida et de l'Unicef. En avril 2009, elle crée sa propre fondation sous l'égide de la Fondation de France, un organisme privé et indépendant qui accompagne la création et le développement de projets à buts non lucratifs. Aujourd'hui samedi 7 janvier 2011, le magazine Marianne publie une longue enquête qui remet en cause l'efficacité de son action, déjà pointée du doigt par le magazine Challenges et met en exergue la possible implication de la fondation dans un scandale financier international...
Des accusations auxquelles ont répondu et Carla Bruni-Sarkozy - à travers le site de sa fondation - et le Fonds mondial contre le Sida. La première dame de France a en effet publié un long communiqué qui réfute les accusations portées par le magazine Marianne.
L'opacité de la comptabilité
Marianne avance que la comptabilité de la Fondation est opaque, voire inexistante, car rattachée à la Fondation de France. "De ce fait, elle n'aurait ni comptabilité propre, ni compte en banque, ni secrétariat juridique, l'intégralité de ces fonctions étant assurée par l'institution qui l'héberge. (...) La fondation n'a pas non plus de conseil d'administration, ni de bureau, et elle ne tient aucune assemblée générale" avance Marianne."
Faux rétorque Carla Bruni-Sarkozy : "La Fondation Carla Bruni-Sarkozy a bel et bien une comptabilité propre, consolidée in fine à la Fondation de France, comme près de 700 fondations en France dont la probité et la légitimité ne sont pas remises en question. (...) Elle occupe des bureaux dont elle est locataire. Son Comité Exécutif, constitué d'administrateurs qualifiés, se réunit deux fois par an. Il examine les comptes de la Fondation de façon bi-annuelle et décide de son budget, de sa stratégie d'intervention, des affectations des donations, ainsi que de la bonne mise en oeuvre des projets."
L'efficacité de la fondation
Marianne met également en cause l'efficience des actions menées par la fondation, voir l'inaction de cette dernière. Là encore, la maman de la petite Giulia réfute les conclusions de l'enquête : "[Les actions] sont effectivement menées dans leur quasi-totalité par les partenaires opérationnels de la Fondation, mais ceci n'est en rien un symptôme d'inaction puisque c'est le propre d'une fondation de redistribution." Le communiqué publié sur le site officiel de Carla Bruni-Sarkozy contredit également les chiffres avancés par Marianne quant aux actions effectivement menées. "Les actions de la Fondation n'ont pas été menées dans 900 lycées (...) mais auprès de 900 lycéens qui ont pu bénéficier d'un programme de tutorat. 170 bourses d'études supérieures ont à ce jour été accordées à des élèves participant à ce programme (...) En matière de lutte contre l'illettrisme, il est vrai que d'autres fondations ont un bilan plus impressionnant que le nôtre. Mais nous ne pouvons prétendre avoir les mêmes résultats et avoir abattu la même quantité de travail en deux ans que ce que d'autres ont fait en dix ou vingt ans."
Elle poursuit en affirmant n'avoir "jamais reçu (...) aucun argent public", et encore moins du ministère de la Culture lors du Salon du Livre comme l'écrit l'enquête, mais que c'est au contraire sa fondation "qui ce jour-là a apporté une contribution sous forme de livres pour soutenir la prévention de l'illettrisme auprès des jeunes enfants", précisant que sa fondation accompagne "800 familles" et a, "dans les dix-huit derniers mois, déboursé environ 800 000 euros d'aide aux associations de lutte contre l'illettrisme."
Le scandale du financement
L'enquête de Marianne met également en cause le financement de fondations et sociétés "appartenant à l'un de ses amis proches", Julien Civange, un musicien et entrepreneur qui serait le principal conseiller de Carla Bruni-Sarkozy pour sa fondation, de manière "bénévole" et qui disposerait d'un bureau à l'Élysée (où il serait chargé de mission "officieux" selon Marianne), pour un montant de 2,7 millions d'euros "au mépris des procédures normales" du Fonds mondial contre le sida.
Des accusations une fois de plus contestées par Carla Bruni-Sarkozy. Même son de cloche du côté du Fonds mondial contre le sida qui affirme que le montant annoncé n'est que de 2,2 millions d'euros, "soit nettement moins que le chiffre avancé par Marianne", que les fonds ont été prélevés sur le "budget ordinaire" pour financer "une campagne menée en 2010 par le Fonds mondial avec le soutien de Mme Bruni-Sarkozy" dont elle est l'ambassadrice depuis décembre 2008. En outre, le Fonds assure que les contrats "ont respecté les règles et les procédures très strictes du Fonds mondial", tout en précisant qu'elle "n'a pas versé un centime à la fondation de Carla Bruni-Sarkozy" et dénonce un article "inexact et trompeur". Le Fonds reconnaît également avoir versé 580 000 euros sur une période de 18 mois à M. Civange et quatre collaborateurs qui participaient à la campagne.
Hasard ou coïncidence, plusieurs têtes sont tombées depuis que le conseil d'administration du Fonds mondial contre le sida a pris connaissance de l'enquête en novembre 2011. Toujours selon les révélations de Marianne. Le professeur Patrice Debré a été démis de ses fonctions par le président de la République Nicolas Sarkozy. Michel Kazatchkine, directeur général du Fonds mondial, a lui aussi été écarté, à la demande de la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton "même si sa démission réelle ne devrait intervenir que les 21 et 22 mai 2012 - soit après le deuxième tour de la présidentielle". Cependant un membre du Fonds interrogé par Reuters a affirmé que "cette décision n'a aucun lien avec les éléments décrits dans l'article de Marianne".