Bien avant Laverne Cox, la star de la série Orange is the New Black, et Caitlyn Jenner, qui vient d'être honorée par le monde du sport, de nombreuses personnalités ont fait beaucoup pour la visibilité des personnes trans et la reconnaissance de leurs droits. C'est le cas de Bambi en France, à qui Sébastien Lifschitz a consacré un très beau documentaire en 2013, ou Caroline Cossey au Royaume-Uni. Cette dernière, âgée de 60 ans aujourd'hui, revient sur son parcours étonnant dans un livre intitulé My Story. Sous le pseudonyme de Tula, elle est la première femme trans à avoir posé pour le magazine Playboy. Elle a même décroché un petit rôle dans un James Bond, mais Caroline a dû affronter la transphobie. Une violence qui l'a rendue suicidaire, jusqu'à ce qu'elle décide de mettre un terme à sa carrière.
Dans une interview accordée à Cosmopolitan.com, Caroline raconte cette histoire. Elle grandit sans comprendre ce qu'elle ressent quant à son identité. C'est en rencontrant une autre personne trans que tout prend enfin un sens. Au Royaume-Uni à l'époque, il est possible d'être opéré gratuitement, mais le combat est long et parsemé d'évaluations psychiatriques. Caroline Cossey devient showgirl et économise centime par centime l'argent nécessaire dans l'espoir de pouvoir s'offrir l'opération qu'elle désire au plus tôt. C'est en 1974 qu'elle parvient à ses fins. Elle est alors signée dans une agence de mannequins. La carrière de Tula décolle.
En 1981, elle décroche une apparition dans Rien que pour vos yeux, un James Bond de la période Roger Moore (moins sportif que Daniel Craig). La même année, elle pose dans le magazine Playboy. Mais sa carrière prend un tournant dramatique quand un tabloïd anglais, le défunt News of the World, révèle son passé en achetant à prix d'or l'un de ses dossiers médicaux. "Lorsque c'est arrivé, je me suis cachée, raconte Caroline Cossey. J'ai même tenté de me suicider. Je me suis réveillée dans ma salle de bain recouverte de vomi. J'avais honte. Et à un moment j'en ai eu marre d'avoir honte de quelque chose sur laquelle je n'avais aucun contrôle : le fait d'avoir été assignée garçon à la naissance."
Je ne supportais plus ce cirque. J'ai mis un terme à ma carrière.
Caroline Cossey décide d'embrasser pleinement ce qu'elle est. Elle affronte sur les plateaux de télévision l'ignorance et les a priori. Avec le sourire, elle répond aux questions et devient, comme peuvent l'être aujourd'hui Laverne Cox et Caitlyn Jenner, le porte-parole d'une communauté. Mais ce n'est toujours pas suffisant. En 1991, la star de radio américaine Howard Stern la reçoit habillé en femme et, lui racontant qu'il vient soi-disant de se faire opérer, lui tend une saucisse. "Je me suis dis que je n'avais pas à m'infliger ça, raconte Caroline. Je ne voulais pas devenir folle. J'avais quelqu'un qui m'aimait à mes côtés et je ne supportais plus ce cirque. J'ai alors mis un terme à ma carrière."
Tout le monde n'a pourtant pas le même comportement. Le magazine Playboy, par exemple, lui offre la même année de poser de nouveau dans ses pages. Tula accepte, comme un défi : "Je voulais le faire pour montrer à tous les lecteurs hétéro de Playboy que les personnes trans peuvent être sexy et séduisantes. Les aider à perdre leurs idées préconçues sur nous." C'est justement au magazine Playboy que Caroline Cossey s'est confiée il y a quelques semaines, pour raconter la vie tranquille et familiale qu'elle mène au côté de son époux : "Cette année, nous fêtons notre 23e anniversaire de mariage. Mon mari est canadien et nous nous sommes dit oui dans une église à Montréal. Mon certificat de naissance disait encore que j'étais un garçon, mais ils ont fait comme si de rien n'était et nous ont mariés. Nous vivons maintenant à Atlanta et nous avons un petit pied-à-terre en Floride, sur la plage. Ma soeur vit en Amérique, comme notre mère, et nous passons le plus de temps possible en famille."
Interview à retrouver en intégralité sur playboy.com