Catherine Deneuve a provoqué un véritable tollé en signant la tribune publiée le 9 janvier dernier dans le Monde pour "défendre" la "liberté d'importuner" appartenant aux hommes et s'opposer à la "campagne de délations" apparue après l'affaire Weinstein. Restée jusque-là silencieuse, l'actrice française de 74 ans réagit pour la toute première fois à la polémique dans les pages de Libération. Ce lundi 15 janvier 2018, le quotidien publie le texte que lui a transmis Catherine Deneuve "sous forme de lettre, à la suite d'un entretien par téléphone, vendredi", comme l'explique la journaliste culture de Libération.
Bien avant de saluer "fraternellement toutes les victimes d'actes odieux qui ont pu se sentir agressées par cette tribune parue dans le Monde", et de leur présenter "à elles et à elles seules" ses excuses qui arrivent à la toute fin de sa lettre – , Catherine Deneuve tient à apporter "des précisions". La comédienne – qui s'était positionnée contre le mouvement #BalanceTonPorc – n'approuve pas que chacun se sente "le droit de juger, d'arbitrer, de condamner" mais aussi que "de simples dénonciations sur réseaux sociaux engendrent punition, démission et parfois et souvent lynchage médiatique." Catherine fait alors allusion à Kevin Spacey, sans le citer. Accusé de multiples agressions sexuelles et de harcèlement, notamment sur des jeunes hommes, la star d'House of Cards a été effacée du nouveau film de Ridley Scott, All the Money in the World (Tout l'argent du monde), dans les salles depuis le 27 décembre dernier. "Un acteur peut-être effacé numériquement d'un film", écrit Catherine Deneuve. L'icône du cinéma français "n'excuse rien" et ne souhaite pas se positionner "sur la culpabilité de ces hommes". Elle n'est "pas qualifiée pour. Et peu le sont".
À la suite des déclarations chocs de Brigitte Lahaie, elle aussi signataire de la tribune publiée dans Le Monde, Catherine Deneuve dénonce l'attitude de l'ex-actrice porno et animatrice qui a déclaré : "On peut jouir d'un viol", sur le plateau de BFMTV le 10 janvier. L'actrice tient à souligner son "désaccord avec la manière dont certaines pétitionnaires s'octroient individuellement le droit de se répandre dans les médias, dénaturant l'esprit même de ce texte. Dire sur une chaîne de télé qu'on peur jouir lors d'un viol est pire qu'un crachat au visage de toutes celles qui ont subi ce crime."
Catherine Deneuve de mentionne cependant pas les propos tout aussi dérangeants de l'écrivain Catherine Millet qui a déclaré sur les ondes de France Inter : "Je regrette beaucoup de ne pas avoir été violée. Parce que je pourrais témoigner que du viol, on s'en sort."
J'étais une des 343 salopes
À ceux qui lui reprochent de ne pas soutenir la cause des femmes, Catherine Deneuve répond qu'elle s'est mobilisée pour l'avortement. "Dois-je rappeler que j'étais une des 343 salopes avec marguerite Duras et Françoise Sagan qui a signé le manifeste 'Je me suis fait avorter' écrit par Simone de Beauvoir ?", lance-t-elle. "L'avortement était passible de poursuite pénale et emprisonnement à l'époque", rappelle-t-elle. Une ligne de défense également adoptée par son ex-gendre Benjamin Biolay, ex-compagnon de sa fille Chiara Mastroianni avec qui le chanteur a eu Anna (14 ans). Le chanteur de 44 ans avait pris la défense de Catherine Deneuve sur Instagram après sa "connerie".
Malgré cette longue lettre, Libération s'interroge : "L'explication de Deneuve que nous publions apaisera-t-elle les esprits ? À voir."
L'intégralité de la lettre de Catherine Deneuve est à retrouver dans Libération en kiosques le 15 janvier 2018.