
Nommée neuf reprises aux César et lauréate du prix de la meilleure actrice pour Le Dernier Métro puis Indochine, Catherine Deneuve est une présidente honorifique naturelle de la cérémonie. Elle avait d'ailleurs déjà joué ce rôle en 1983 et rempile donc pour la 50e édition de la grand-messe du cinéma français. Toutefois, elle garde ses distances avec cette remise de prix comme elle l'explique dans son interview sur France Inter ce 19 février, à l'occasion de la sortie du film Yōkai, le monde des esprits réalisé par Eric Khoo et en salle le 26 février prochain.
Dans quelques jours, Catherine Deneuve montrera sur la scène de l'Olympia pour assurer ses fonctions de présidente des César, un rôle honorifique mais très scruté. La relation de la mère de Chiara Mastroianni et Christian Vadim n'est cependant pas très fluide avec cette célébration du meilleur du septième art français. "Je n'étais plus du tout d'accord" avec ce que devenait la cérémonie, explique-t-elle à la journaliste Sonia Devillers. "Ça s'est aggravé d'une façon pas acceptable, sur le fond des choses. Tout le système, toute l'organisation. C'est devenu un peu une caricature des César", poursuit-elle.
Un homme l'a fait revenir aux César, qu'elle ne fréquente plus depuis quinze ans, c'est Bertrand Bonello. Le réalisateur de Saint Laurent dans lequel joue le regretté Gaspard Ulliel - à ne pas confondre avec Yves Saint Laurent, l'autre biopic avec Pierre Niney - est lui aussi un habitué des nominations, et n'a récolté aucun prix. On ne saura pas ce qu'il a dit pour la convaincre de venir présider les César, elle qui n'aime d'ailleurs pas être sur scène de façon générale, et elle remplira sa mission car c'est un anniversaire important et en pensant à ce qu'elle aime le plus, le cinéma. Ensuite, elle ne reviendra plus.


À demi-mots lors de son entretien sur France Inter, Catherine Deneuve glisse qu'elle n'apprécie pas que certains votants s'expriment sans avoir vu les films. Dans les pages de Technikart en 2017, elle s'était un peu plus épanchée sur le sujet. "Je n'y vais plus depuis longtemps, c'est définitif, raconte-t-elle. Quand j'étais nommée pour Potiche, on m'avait dit 'il faut vraiment que tu y ailles'. Je ne voulais pas, ça faisait des années que je n'y allais plus, et j'ai cédé. Je me suis dit après 'Bien fait pour moi !'" Elle avait aussi détaillé son point de vue au sujet des votes : "Les règles de vote ne sont pas assez claires, la soirée n'est pas festive et toute la profession n'y est pas représentée. Non, c'est fini, je n'ai pas assez de considération pour eux. Les prix officiels, ce n'est pas vraiment mon truc." Dans les pages de Télérama, la grande comédienne est moins véhémente sur les César mais détaille ce qu'il faudrait changer dans les votes : "Il y a encore des améliorations possibles dans le fonctionnement des César. Par exemple, il serait préférable, à mon avis, que soient formés, comme aux Oscars, des collèges de votants pour les catégories qui réclament une certaine expertise, une compétence particulière. On peut aussi regretter que beaucoup d’inscrits ne votent qu’au second tour, une fois les nominations établies…"
On peut également avancer que l'affaire Roman Polanski des César en 2020 et le coup d'éclat d'Adèle Haenel lorsqu'il a reçu un prix pour J'accuse n'a pas dû aider Catherine Deneuve à plus apprécier cette cérémonie. L'actrice de 81 ans n'a jamais caché son soutien pour le cinéaste désormais controversé qui l'a dirigée dans Répulsion. Dans Paris Match, elle déclarait ainsi : "La façon dont il a été traité est inadmissible. Il a plus que payé. Je pense que dans cette histoire beaucoup de femmes sont aveuglées par leur féminisme et ne connaissent même pas en détail les faits juridiquement parlant."
Une artiste aux avis tranchés et clivants mais une reine indissociable du cinéma français depuis plus de six décennies. Dans Télérama, elle précise son choix d'accepter de participer aux César : "Je n’étais pas sûre de vouloir tenir à nouveau ce rôle, mais les organisateurs de la cérémonie m’ont convaincue. Ils ont insisté parce que c’est le cinquantième anniversaire. Il fallait un symbole de longévité, que peut apporter une présidente issue de ma génération. C’est une responsabilité qu’on me confie, et que j’accepte."
Son discours d'ouverture de la 50e cérémonie des César qui se tient le 28 février prochain promet d'être scruté de près !