Pour Catherine Moyon de Baecque, il ne fait aucun doute que tous les sports sont concernés par les violences sexuelles. Elle en a elle-même été victime en 1991, lorsqu'elle avait 24 ans.
Issue d'une famille aristocrate nantaise, Catherine Moyon de Baecque avait le rêve de devenir une lanceuse de marteau professionnelle, un métier que ses proches n'acceptaient pas. Au prix d'un combat contre ses proches, la jeune femme est allée au bout de son rêve. Un rêve gâché lorsqu'elle a été agressée sexuellement par quatre athlètes de l'équipe de France de marteau, avec la complicité de l'entraîneur national, lors d'un stage fédéral. Des faits qu'elle a dénoncés dans les semaines qui ont suivi, en entamant une action en justice. Les agresseurs ont tous été condamnés, mais la jeune athlète a été évincée de son sport.
Replongée dans cette période douloureuse suite aux révélations de Sarah Abitbol et la publication de son livre Un si long silence (dans lequel elle raconte avoir été violée par son ancien entraîneur Gilles Beyer de ses 15 à ses 17 ans), Catherine Moyon de Baecque revient sur son histoire pour Le Parisien (édition du 13 février 2020). De longues années ont passé mais le sentiment d'injustice est toujours aussi fort.
L'ancienne lanceuse de marteau rappelle en préambule qu'elle a été "la première athlète de haut niveau à briser la loi du silence, à mener un combat historique". Un combat, marqué par un procès remporté en 1993, qui lui a valu d'être considérée comme une pestiférée. "J'ai payé très cher le fait d'avoir parlé. J'ai été traitée comme une coupable. J'ai vécu de plein fouet la mise à l'écart, la violence institutionnelle", confie-t-elle. Catherine Moyon de Baecque soutient depuis très longtemps que "le problème des violences dans le sport est à la mesure du fléau du dopage". L'actualité semble effectivement lui donner raison.
Lorsqu'elle avait révélé avoir été agressée sexuellement, Catherine Moyon de Baecque s'était retrouvée face à de nombreux murs. Celui dressé par Robert Bobin, alors président de la Fédération d'athlétisme qui lui avait répondu : "Ma petite fille, vous êtes jeunes, vous oublierez !" Même discours de la part du directeur de l'Insep. Pas plus de soutien dans les hautes instances : "Un rapport de l'Inspection générale de la jeunesse et des sports, rédigé avant le procès, a conclu que rien de grave ne s'était passé. Que nous étions mythomanes et nymphomanes."
L'Ina a retracé le combat de Catherine Moyon de Baecque dans un très bon reportage :