Personne n'a oublié le tweet, que beaucoup qualifiait de vengeur, signé Valérie Trierweiler contre Ségolène Royal. Depuis dimanche 14 juillet, c'est un autre de ces petits messages en moins de 140 signes qui agite et brouille le débat politique, celui de Xavier Cantat, frère de Bertrand et compagnon de Cécile Duflot, ministre de l'Égalité des Territoires et du Logement depuis l'élection de François Hollande. Attaquée par la droite pour le message de son compagnon lors des questions au gouvernement mardi 16 juillet dans l'hémicycle, l'ancienne Secrétaire nationale d'Europe Écologie Les Verts a fondu en larmes.
Rappel des faits : dimanche 14 juillet, à la tribune officielle, les membres du gouvernement entourent le président et assistent au défilé militaire. Xavier Cantat, militant d'Europe Écologie Les Verts, partisan d'un défilé civil réunissant pompiers, policiers, ambulanciers (par exemple) plutôt que des militaires, publie ce message sur Twitter : "Fier que la chaise à mon nom reste vide au défilé de bottes des Champs Elysées #14Juillet." Car Xavier Cantat était évidemment invité à assister au défilé militaire en tant que compagnon de la ministre. Il n'en fallait guère plus pour déclencher l'ire de nombreuses personnalités de droite.
Mardi 16 juillet, à l'Assemblée nationale. Philippe Meunier, élu UMP du Rhône et cofondateur du mouvement de la Droite populaire, interpelle Jean-Marc Ayrault : "Monsieur le Premier ministre, vous êtes responsable de la Défense nationale, votre gouvernement de la force armée, le président de la République est le chef des armées, il serait donc important à l'avenir d'inviter à la tribune officielle des personnalités qui ont la décence de respecter l'engagement de nos hommes, notamment au Mali, et sur les terrains des opérations extérieures, au péril de leurs vies." Malaise dans l'hémicycle. Le Premier ministre se charge de répondre et ne mâche ses mots : "[...] Je suis fier de nos armées, de nos soldats qui ont [...] mené un combat exemplaire [...] et nous étions fiers que défilent aux côtés des soldats français des soldats d'Afrique et de l'armée malienne. C'est ça que j'aurais aimé entendre dire, et vous ne l'avez pas dit [... ] Monsieur le député, vous ne faîtes pas honneur à la France par vos propos particulièrement minables et polémiques. Je vais pas commenter davantage." Cécile Duflot, enfoncée dans son siège, est émue aux larmes.
Ce n'est pourtant guère suffisant pour Philippe Meunier qui devant les journalistes, sur Twitter et dans un communiqué a estimé, avec un lyrisme certain, que "les larmes de crocodile de Madame Duflot ne sont rien à côté des larmes des veuves et des orphelins de nos soldats morts au champ d'honneur". D'autres personnalités de droite se sont émues des propos de Xavier Cantat comme Luc Chatel, qui lui les estime "déplacés", et Nicolas Dupont-Aignan, qui fait valoir que "quand on est conjoint d'un ministre, on s'astreint à un minimum de réserve". Une petite musique déjà entendue, rabattue même, après le tweet malheureux de Valérie Trierweiler.