La salle est comble et impatiente ce 15 septembre. Mais Charles Aznavour ne se fait pas attendre. Quatre ans après son dernier spectacle en France et ses tournées à l'étranger, le grand artiste revient à Paris pour une série de six concerts au Palais des Sports, étalés sur douze jours. Six performances exceptionnelles de la part de l'auteur-compositeur-interprète français. Le spectacle est à la hauteur des espérances, celles de retrouver une figure de la musique qui a marqué de son empreinte poétique et exigeante la culture française.
Mélangeant les titres récents et ses chansons légendaires, l'indestructible Charles Aznavour, accompagné d'une troupe de musiciens impeccables, se lance dans son show. La mise en scène n'est pas ostentatoire et, à l'image du monsieur tout de noir vêtu avec toutefois des bretelles rouges, elle laisse toute la place à l'icône qu'il est, avec une touche de couleur.
Les titres se succèdent tambour battant, pas de temps mort pour Charles Aznavour, qui n'oublie pas toutefois de communiquer avec son public, très chaleureux. Comme il l'avait promis, il débute avec sa chanson Les Emigrants : "Comment crois-tu qu'ils sont venus ?/Ils sont venus, les poches vides et les mains nues." Les paroles font écho à l'actualité dramatique du monde et l'émotion est palpable. "J'imagine mes parents dans cette situation, lorsqu'ils ont quitté l'Arménie pour venir en France. C'est pourquoi je serai toujours du côté de ceux qui tapent à la porte et non de ceux qui la ferment. Mais je ne donne de leçons à personne, chacun fait ce qu'il veut", a-t-il confié au Parisien. Il a ainsi déclaré être prêt à accueillir des réfugiés chez lui.
Avec une énergie folle et un amour pour sa musique et son public inégalable – c'est certainement ce qui lui permet d'être aussi fringant sur scène à 91 ans -, Charles Aznavour enchaîne ses chansons, quelques-unes parmi son immense répertoire. Il remercie ses auteurs, ses musiciens, avoue utiliser un prompteur mais ne chantera pas une seule fois en play-back, contrairement à des stars bien paresseuses. Une confusion sur un titre, il y en aura bien une sur Plaisirs démodés, mais qu'importe, fort de son expérience de sept décennies, l'artiste s'excuse et continue son spectacle avec le même bonheur.
L'émotion est belle quand il chante Je voyage avec Katia, qui n'est autre que sa fille, née de son troisième mariage avec la Suédoise Ulla Thorsell. Un beau duo, tendre et juste, qui saura conquérir l'assistance. La mélancolie se fait sentir quand il chante Hier encore, et quand il se lance dans son imparable Emmenez-moi, c'est tout le public qu'il emmène en un refrain. Des paroles entêtantes que le spectateur garde en tête longtemps après la fin du spectacle, bercé par la magie du mythe Aznavour.
Samya Yakoubaly
Charles Aznavour au Palais des sports de Paris du 15 septembre au 27 septembre pour 6 représentations exceptionnelles.