C'est un retour en grâce. À 69 ans, Charlotte Rampling revient au sommet avec le film 45 Years, où comment une femme fait face à la mort inattendue de son premier amour alors qu'elle s'apprête à fêter ses 45 ans de mariage avec son actuel mari (joué par l'excellent Tom Courtenay). L'actrice britannique et francophone a ému la critique et voit aujourd'hui son nom cité pour des nominations.
Il y a un peu plus de deux mois, Charlotte Rampling perdait l'homme de sa vie et compagnon, Jean-Noël Tassez. Une mort qui avait ébranlé la comédienne qui confie aujourd'hui ce deuil dans une longue et passionnante interview accordée à Psychologies. Bouleversante, elle rend hommage à son amour : "C'est comme si Jean-Noël ne m'avait pas quittée et qu'il vivait désormais en moi." Sans fard, elle est revenue sur la perte de l'être cher et les jours qui ont suivi. "J'ai laissé la tristesse me saisir, sans lutter, confie-t-elle. Puis elle a cessé."
Pour l'actrice, "la façon de vivre le chagrin de la perte dépend de ce que l'on parvient à faire de cette présence-là", elle qui dit "avoir été élevée pour être forte". "Je faisais semblant d'être plus forte pour me donner le courage d'avancer", révèle l'actrice, rebondissant sur un chapitre de sa vie, la mort de sa soeur. "Mon père m'a dit qu'elle était morte d'une hémorragie avant de m'apprendre, trois ans plus tard, que c'était d'un suicide. Et il m'a demandé de ne pas le dire à ma mère parce que ça la tuerait. Donc je n'ai rien dit. Ce silence a duré trente ans", se souvient-elle, s'interrogeant sur le poids des secrets.
Enfin, la charismatique Charlotte Rampling s'est mise à nue en racontant sa dépression, "une étape importance, difficile mais d'une certaine manière nécessaire". Elle s'est remémorée cette confrontation face à elle-même, les remises en question. Cette dépression, elle est arrivée "bien après" la mort de sa soeur Sarah, assure-t-elle. Avant cela, l'actrice vivait "dans un grand sentiment de puissance" et d'invincibilité, comme si tout lui réussissait. "Puis tout s'est brisé. Le choc a été violent, mais je n'en ai pas tout de suite pris la mesure", se souvient l'actrice de Portier de nuit. Elle dit avoir "continué" et renoncé au suicide - dont elle jugera qu'il est "inconcevable" pour ses parents de perdre "une seconde fille de la même manière". Au cinéma, elle plonge dans des rôles sombres, torturés, sulfureux. "Je suis allée là où je ne pouvais pas me permettre d'aller dans la vie", dira-t-elle. La naissance de son premier enfant, Barnaby (fruit de sa relation avec le réalisateur Bryan Southcombe), la sauvera. "J'ai pensé que c'était la meilleure chose qui pouvait m'arriver, que ça allait me sauver... Et peut-être l'a-t-il fait, oui."
Interview à retrouver en intégralité dans le magazine Psychologies de Janvier 2016.