Jean-Marie Villemin, père du petit Grégory, retrouvé mort à l'âge de 4 ans il y a quarante ans, a pris la parole. Non pas dans une interview, mais dans la préface d'un roman graphique, sobrement intitulé avec le nom de son enfant, scénarisé par Pat Perna et dessiné par Christophe Gaultier (éditions Les Arènes). Cela fait donc trois décennies que l'homme ne s'était pas exprimé sur cette douleur, ce drame toujours sans réponse même si les théories abondent. Que devient-il aujourd'hui ? Libération apporte des informations.
Rappel des faits de cette affaire ultra médiatisée : le 16 octobre 1984, Grégory, âgé de 4 ans, et habitant dans un pavillon à Lépanges-sur-Vologne disparaît et est retrouvé le soir même, repêché pieds et poings liés dans la rivière. Avant ce drame, la famille Villemin, fondée par de jeunes parents d'une vingtaine d'années, avait une vie confortable. Elle soulevait des jalousies et un corbeau a envoyé la fameuse et terrible lettre stipulant : "Ce n'est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils."
Nous sommes en 2024 et Jean-Marie Villemin a survécu à cette affaire où sa femme, Christine, avait été dépeinte en mère infanticide. Il assume être l'assassin de son cousin (Bernard Laroche qu'il soupçonnait de s'en être pris à son fils, ndlr) autant qu'il regrette son geste. Pour les Français, les Villemin restent un couple des années 1980. Pourtant, ils ont dû traverser des décennies, sous une fausse identité avec leurs autres enfants Julien, Emelyne et Simon et ont déménagé à Evry dans l'Essonne. Jean-Marie Villemin est passé par la case prison après avoir tué son cousin. Depuis une dizaine d'années, le couple a cessé de vivre incognito. Désormais, lui est un "retraité amateur de bricolage et de jardinage, s'occupe de ses petits-enfants et passe de longues heures plongé dans le dossier".
Jean-Marie Villemin a toujours choisi scrupuleusement comment et quand parler aux médias. Il a choisi la discrétion, ce qui explique sa parole rare. Ce roman graphique est une façon pour lui de ne pas subir les sollicitations d'interviews alors que sonne le quarantième anniversaire de l'affaire, mais d'agir et de raconter les faits sans entorse au réel.