Actuellement au casting de la saison 8 de Dexter, l'étonnante Charlotte Rampling, au regard si doux et à la voix si chaude, monte au créneau pour sauver un lieu parisien unique qui a inspiré Balzac, accueilli la troupe du comédien Jean-Louis Barrault et l'atelier d'un certain Pablo Picasso. Ce lieu magnifique est le grenier du 7, rue des Grands-Augustins, à Saint-Germain-des-Prés dans le 6e arrondissement, dont s'occupe depuis 2002 une association aujourd'hui menacée d'expulsion pour permettre la revente des murs...
Touchée par la possible disparition du lieu, Charlotte Rampling, le photographe Lucien Clergue et le violoniste de jazz Didier Lockwood se sont réunis ce 11 juillet pour soutenir le Comité national pour l'éducation artistique (CNEA) qui s'occupe du grenier, l'a restauré et le fait vivre en y organisant des événements culturels. Mais les murs appartiennent collectivement aux huissiers de Paris et de la petite Couronne parisienne. Le président de la Chambre de huissiers souhaite vendre l'immeuble. Il a donc demandé l'expulsion de l'association. Expulsion ordonnée le 4 juillet par le tribunal de grande instance de Paris, "sous 15 jours après notification de l'ordonnance". Le CNEA a fait appel comme l'a annoncé dans la foulée son délégué général, Alain Casabona, lequel se scandalise de voir ce lieu chargé d'histoire disparaître au nom d'une "spéculation immobilière éhontée".
Charlotte Rampling, présidente de la récente édition du festival Paris Cinéma, n'est pas le seul soutien de poids du CNEA. Des négociations avec un petit-enfant de Picasso sont en cours : il serait prêt à pendre un bail pour y installer une fondation privée et maintenir l'association. François Hollande est également intervenu pour que sa ministre de la Culture Aurélie Filippetti se saisisse prioritairement du dossier de classement du lieu aux monuments historiques.
Ce grenier a une vraie histoire. Balzac y situe l'action de sa nouvelle Le Chef-d'oeuvre inconnu (1931). Près d'un siècle plus tard, Jean-Louis Barrault y installe sa compagnie, avant de rejoindre la Comédie Française. De 1937 à 1955, jusqu'à son expulsion, Pablo Picasso en fait son atelier parisien. Atelier où il peint l'un de ses chefs-d'oeuvre : Guernica (1937), sans doute l'une des toiles les plus connues au monde.