Réactualisation du 11 janvier 20h05 : Les syndicats CFT, CFE-CGC et CFTC de la chaîne France 24 et ceux de RFI ont levé leur mot d'ordre de grève illimitée, prévue pour mercredi 12 janvier, annonce l'AFP. Les syndicats ont enfin été reçus par Camille Pascal, conseiller spécial de l'Elysée. Un conseil d'administration de l'AEF se tiendra le 20 janvier et ce conseil d'administration "va certainement prendre une position assez nette sur cette dispute" entre De Pouzilhac et Ockrent, avait annoncé le ministre de la culture Frédéric Mitterrand il y a quelques jours. Pour que les syndicats aient décidé de cesser la grève prévue demain... c'est qu'ils ont bon espoir d'une décision allant dans le sens qu'ils espèrent, à savoir le départ d'Ockrent ? Le Canard Enchaîné nous apprend que la reine Christine devait participer, fin janvier, au retour de la chaîne RFI à Kigali au Rwanda, après 4 années de silence radio... Elle se faisait même un devoir d'y participer, puisque son compagnon Bernard Kouchner avait beaucoup oeuvré pour le réchauffement diplomatique entre la France et le Rwanda. Eh bien, elle vient d'annuler Kigali car au même moment se déroule le forum de Davos auquel doit se rendre Sarkozy. Elle préfére, écrit le facétieux palmipède, rester au plus près du président... "question de priorité". A moins qu'elle ne soit débarquée avant ?
Le 9 janvier nous écrivions :
Nouveau coup dur dans l'affaire Christine Ockrent : déjà embourbée dans un conflit anxiogène au sein de France 24, désavouée par la direction, reniée par les rédactions, voilà qu'elle subit une nouvelle difficulté. En effet, trois syndicats de la chaîne France 24 ont déposé un préavis de grève illimitée à partir du 13 janvier dans le but d'affronter et de faire tomber Christine Ockrent.
Ockrent, la cible idéale
Pour rappel, Ockrent est actuellement directrice générale déléguée de l'AEF (Audiovisuel Extérieur de France qui chapeaute France 24, RFI et une partie de TV5) mais elle est surtout en conflit ouvert avec le PDG Alain de Pouzilhac. Une guerre intestine dont Ockrent est la principale perdante : en effet, actuellement cible de tirs à boulets rouges, elle ne peut pas compter sur le soutien du numéro 1... étant donné qu'il est lui-même derrière l'un des canons qui tire !
Ockrent est non seulement lourdement suspectée d'être à l'origine d'un cas complexe d'espionnage industriel au sein de France 24 (soupçon résultant d'un enquête menée à l'initiative de Pouzilhac) mais elle est également accusée de mauvais management par les journalistes et d'avoir décroché ce poste de Numéro 2 grâce à son réseau (son mari Bernard Kouchner, le couple est ami intime avec Sarkozy, a été au Quai d'Orsay... qui supervisait l'AEF !). Pour les syndicats, c'en est trop : au cours des dernières semaines, alors que Pouzilhac s'est vu conforté dans sa position par les salariés, Ockrent a été tour à tour désavoué par les rédactions (motion de défiance votée à 85 %) et la direction. Mais jusque là, si le malaise est palpable, aucune solution n'a été trouvée (à part RFI qui a demandé que l'entreprise soit gérée par un administrateur provisoire), sans réponse jusqu'ici. Toutes ces sales histoires exaspèrent les salariés.
Le gouvernement montré du doigt pour son manque de réaction
Raison pour laquelle les syndicats CFDT, CFE-CGC et CFTC (le SNJ-CGT ne prend pas part au mouvement) ont décidé de déposer un préavis de grève illimitée à partir du 13 janvier pour dénoncer "le silence des autorités de tutelle". Les syndicats s'étonnent que le gouvernement qui gère l'AEF ne se soit pas manifesté pour intervenir et trancher dans le conflit. La CFDT de France 24 s'interroge ainsi sur "la position de l'Etat (unique actionnaire) et sur son inquiétant silence".
Mais ce silence ne va vraisemblablement pas durer puisque Frédéric Mitterrand (déjà invité à réconcilier Alain de Pouzilhac et Christine Ockrent) s'est exprimé à ce sujet aujourd'hui dans l'émission Dimanche + d'Anne-Sophie Lapix, sur Canal + (voir vidéo de nos amis de Puremédias). Sans prendre position, le ministre a néanmoins explicitement annoncé qu'une décision serait prise dans les prochains jours par le conseil d'administration afin de faire "sonner la fin de la récré". Cette "dispute entre deux enfants" va donc enfin prendre fin ? C'est bien ce qu'il souhaite : "La fin de la récré, je l'ai sonnée à deux reprises... Quand deux enfants se disputent, c'est très difficile de les séparer : mais on s'en occupe. On va sonner définitivement la fin de la récréation dans les jours qui viennent. [...] Il y a un conseil d'administration dans quelques jours et France 24 est une société qui a aussi son autonomie. Le conseil d'administration va certainement prendre une position assez nette sur cette dispute et c'est à partir de ce moment là que, sortant du climat passionnel que j'ai essayé de résoudre (et qui, comme tout climat passionnel est difficile à résoudre) c'est à partir de ce moment là qu'ayant un socle juridique solide que je pourrais intervenir. C'est au conseil d'administration de décider, je n'ai pas à décider à sa place sur l'orientation qu'il souhaite donner à cette entreprise". Il a enfin confirmé qu'il discutait toujours avec les deux parties, que ce soit Alain de Pouzilhac ou Christine Ockrent. Faut-il espérer une fin prochaine ? En attendant, les syndicats ont de la ressource.
Évidemment, la cooptation dont aurait bénéficié Ockrent refait surface à l'heure de la préoccupation chez les syndicats. La CFDT se demande : "Quelles sont les raisons qui poussent les autorités de tutelle à maintenir en poste un cadre supérieur désavoué par 85 % des salariés et par tous ses directeurs ? L'Etat aurait-il passé un arrangement politique avec l'ex-ministre des Affaires Étrangères Bernard Kouchner au détriment des salariés de France 24 et des autres filiales de l'AEF ?" Une question pour l'instant sans réponse claire... mais qui est "frappée au coin du bon sens" !
Pouzilhac de nouveau conforté
Parallèlement au désaveu d'Ockrent, les syndicats soutiennent Pouzilhac sans ambiguïté. La CFTC précise : "Ce vote [de défiance contre Ockrent] exprimait un ras-le-bol général de la gestion de Madame Ockrent. Par la même occasion, la grande majorité des salariés de France 24 a renouvelé sa confiance à M. Alain de Pouzilhac. Lier le sort d'Alain de Pouzilhac à celui de Christine Ockrent serait un suicide pour notre entreprise".
De son côté, Ockrent ne veut pas fléchir ni partir (ce qui est pourtant bien le souhait des syndicats) : même si tous les éléments sont contre elle, elle ne veut pas partir. "J'ai le plus grand respect pour les assemblées générales mais ce ne sont pas elles qui décident de la marche de l'entreprise et encore moins de la nomination ou de la destitution des responsables", avait-elle précisé à France Info au moment du vote de défiance à son encontre, en décembre dernier.
Les syndicats réussiront-ils à virer la Reine Ockrent de son trône avec cette grève illimitée (qui avait déjà failli avoir lieu en septembre dernier mais avait été évitée de justesse ? Quelle sera la réaction du gouvernement pour mettre un terme à ce conflit ?
Les prochains jours nous en diront davantage...