La menace d'une crise sanitaire de très grande ampleur en France se profilait déjà le 12 mars 2020, lorsque Christophe s'est rendu sur le plateau de Taratata, à la Plaine-Saint-Denis, pour enregistrer sa reprise de Daisy avec Laetitia Casta, qui figure sur son album Christophe Etc. Volume 2 (sorti en décembre 2019) et sur lequel il revisite ses classiques avec Katerine, Sébastien Tellier ou encore Pascal Obispo et aussi Julien Doré. Il avait d'ailleurs prévu de se produire avec eux sur la scène du Grand Rex les 29 et 30 avril prochains, deux dates qui avaient dû être repoussées en raison de la pandémie de coronavirus. "J'espère que cette saloperie ne va pas foutre toute ma tournée en l'air", avait-il alors lancé à l'équipe de Taratata, comme le rapporte Paris Match dans son numéro du 23 avril 2020, dont Christophe fait la couverture. Au-delà d'une tournée reportée, le chanteur craignait d'être contaminé, alors qu'il souffrait depuis plusieurs années d'un emphysème (grave pathologie pulmonaire). Ce que l'interprète des Mots Bleus, Paradis perdus ou encore Aline redoutait le plus est finalement arrivé.
Dans son long sujet consacré à Christophe (Daniel Bevilacqua de son vrai nom) par le journaliste Benjamin Locoge dans Paris Match, il revient sur les jours qui ont précédé sa mort. A la mi-mars, le chanteur commence à être gêné par une toux, inquiétant en période de propagation fulgurante du Covid-19. La toux ne part pas et même pire, son état s'aggrave : "Le lundi 16 mars, il se réveille frissonnant et avec de la fièvre." Ses proches l'incitent à fortement à consulter mais Christophe refuse et préfère se soigner avec du repos et du thé. Pas suffisant, loin de là.
Comme Le Parisien a été le premier à le révéler, les pompiers sont finalement contraints d'intervenir à son domicile situé boulevard du Montparnasse le 26 mars, le chanteur ayant de plus en plus de mal à respirer. Il est admis en réanimation à l'hôpital Cochin à 20h10 "pour détresse respiratoire aiguë sur une suspicion de pneumopathie Covid-19". Le scanner confirme le diagnostique et révèle malheureusement qu'il est atteint d'une forme "sévère de Covid-19 sur un emphysème diffus". Intubé, ventilé et mis sous-antibiotique, Christophe voit son état stabilisé par les équipes de Cochin qui propose qu'il soit transféré à l'hôpital de la Cavale Blanche, à Brest, pour permettre de libérer un lit et accueillir d'autres urgences liées au Covid-19.
Le 1er avril, Christophe, placé en coma thérapeutique, prend place dans le TGV spécial reliant Paris à Brest. Sa fille unique, Lucie (née en 1971), n'est pas contre ce transfert puisque son père soit à Paris ou en Bretagne, elle ne peut lui rendre visite comme l'a déterminé le protocole.
Nous nous sommes ratés dans le timing
L'espoir renaît d'un rétablissement lorsque Christophe sort du coma mais rien de ne se passe comme prévu. Une insuffisance cardiaque apparaît et l'artiste respire plus en plus difficilement. Il est à nouveau intubé. Sa femme Véronique, dont il séparé depuis 1996 mais dont il n'a jamais divorcé est prévenue de la situation plus que critique le dimanche 12 avril. Les médecins sont clairs : Christophe a 5% de s'en remettre. Véronique décide alors de publier un communiqué auprès de l'AFP.
Quatre jours plus tard, le jeudi 16 avril, Lucie est prévenue que son père n'a plus que quelques heures à vivre. "Il va partir d'ici à demain. Si vous voulez le voir une dernière fois, c'est maintenant", lui dit-on au téléphone. La photographe quitte Paris direction la Bretagne, mais elle arrive trop tard. A 20 heures, son téléphone sonne et le corps médical lui demande sur quelles chansons son père aurait aimé partir. Lucie répond Perfect day de Lou Reed et Heroes de David Bowie. Christophe décède finalement à 20h36. "Nous nous sommes ratés dans le timing, mais bon, il était beau, on aurait dit un lion avec un masque qui faisait un roupillon...", a dit Lucie une fois arrivée sur place.
Lucie prévient Pierre Lescure, un ami proche de la famille, que son père est mort. Sa mère entre en contact avec l'AFP mais se refuse à dire que Christophe a été emporté le Covid-19. Et pourtant...