À 27 ans, Clarisse Agbegnenou compte quatre titres de championne du monde, trois titres de championne d'Europe et une médaille d'argent décrochée en 2016 aux Jeux de Rio. Une belle performance qui reste malgré tout une déception pour elle. Elle visait l'or. "Je n'ai pas aimé mon état physique et psychologique à Rio. Je n'étais pas bien, tout le monde m'a transmis son stress", a-t-elle confié à Libération le 14 janvier 2020.
En retraçant le parcours de la championne, le quotidien est d'emblée revenu sur son début de vie difficile, s'appuyant sur le témoignage poignant de son papa, Victor.
Née le 25 octobre 1992, Clarisse Agbegnenou n'est pas passée très loin de la mort. Grande prématurée avec son frère jumeau Aurélien, ils sont arrivés avec deux mois d'avance, elle a dû être réanimée et passer quatre semaines en couveuse. Mais les épreuves ne se sont pas arrêtées là puisqu'elle a également dû être opérée pour réparer une malformation du rein. Puis se sont ensuivis le coma et l'incertitude de la survie. "Le médecin se demandait s'il ne fallait pas la débrancher, a raconté son père à Libération, comme si ces délicates semaines de 1992 étaient hier. "Finalement, au bout de plusieurs tentatives, Clarisse est parvenue à respirer par elle-même. L'explosion de joie du corps médical de l'hôpital de Rennes, je m'en souviens encore", a-t-il poursuivi. Pour lui, tout cela a sans aucun doute contribué à ce que Clarisse soit la combattante qu'elle est aujourd'hui : "Ça fait écho aux coups durs qu'elle a eus au début de sa vie. Rien de pire ne pourra plus lui arriver."
Clarisse Agbegnenou se lance pour de bon dans le judo alors qu'elle n'a que 14 ans, en rejoignant Pôle Espoir d'Orléans. Cet engagement implique de couper le cordon avec ses parents et de prendre, déjà, son indépendance. "Clarisse partait en train le dimanche soir, rentrait à la maison le vendredi. Il faut du cran, à 14 ans. Quand ses résultats scolaires n'étaient pas fameux, on comprenait, vu l'énergie qu'elle dépensait", s'est souvenu son père.
Aujourd'hui elle est installée avec son compagnon, Thomas, avec les Jeux de Tokyo, l'été prochain, en ligne de mire. Clarisse Agbegnenou ne pense pas seulement au sport, mais également à sa vie privée. Elle aimerait fonder une famille tout en revenant sur les tatamis après : "Être mère et continuer le judo, c'est une possibilité."