Anne-Fatoumata M'Bairo pouvait laisser couler ses larmes à l'issue du verdict rendu par le tribunal correctionnel de Paris. Agressée par des pensionnaires de l'Insep, la jeune espoir du judo tricolore a vu Clarisse Agbegnenou être condamnée. Un soulagement après un an de souffrance.
Les faits remontent au 12 avril 2013. Anne-Fatoumata M'Bairo est agressée violemment dans sa chambre par plusieurs autres pensionnaires de l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep), sur la base de rumeurs et d'insultes qu'elle aurait lancées. Ce mardi 8 juillet, la justice a reconnu "coupable de faits de violence" Clarisse Agbegnenou (21 ans), double championne d'Europe et vice-championne du monde en -63 kg, la condamnant à 70 heures de travaux d'intérêt général et à 2 780 euros de dommages et intérêts pour le préjudice physique et psychologique.
Une sanction dont ne fera pas appel Clarisse Agbegnenou et qui ne sera pas inscrite à son casier, elle qui n'avait jamais nié avoir porté des coups et avait déclaré à la barre du tribunal : "Si ça se reproduisait, je réagirais sûrement de la même manière." Ses co-accusées, Priscilla Gneto, médaillée de bronze aux JO de Londres, Madeleine Malonga, Fanny Posvite et Linsay Tsang Sam Moi, ont toutes été relaxées "pour insuffisance d'éléments", alors qu'elles étaient poursuivies pour violence commise en réunion suivie d'une incapacité supérieure à huit jours.
Pour Anne-Fatoumata M'Bairo, grand espoir du judo français qui confiait sa détresse peu après l'agression, la fin du procès est un soulagement. "C'était très dur de venir. Je pense avoir du mérite. Je suis juste un peu déçue que seule Clarisse soit sanctionnée", déclarait-elle à la sortie du tribunal. Quant aux accusées, elles sont rapidement passées à autre chose. "L'affaire est classée, et je peux me consacrer aux Championnats du monde", a pour sa part réagi Clarisse Agbegnenou. Les autres accusées, comme elle, n'ont jamais exprimé le moindre remord et n'ont jamais présenté d'excuses.
"On a porté plainte et on a gagné, a lâché la maman d'Anne-Fatoumata. Rien que de les voir devant les tribunaux, c'était déjà une victoire car elles croyaient que rien ne pouvait leur arriver grâce à leurs titres."
La Fédération française de judo s'était montrée clémente envers ses jeunes espoirs, en infligeant un an de suspension de compétition avec sursis à Clarisse Agbegnenou et trois mois avec sursis aux autres filles.