Triste nouvelle pour le monde de la musique... Maestro parmi les plus admirés de la planète, Claudio Abbado est mort lundi à Bologne, à 80 ans, comme l'a annoncé son entourage à l'AFP, après avoir longtemps lutté contre le cancer. "Je l'ai appris, il y a peu, de l'un de ses médecins personnels", a ainsi déclaré à l'agence Attilia Giuliani, présidente de l'association des fans du chef d'orchestre, les "Abbadiani". Preuve de son influence, les réactions se sont déjà multipliées de la part d'autres personnalités du monde de la musique comme Renaud Capuçon ou de la télé comme Stéphane Bern.
À 80 ans, Claudio Abbado s'est donc finalement éteint. Une triste nouvelle qui ne surprend malheureusement pas puisque le maestro avait déjà annulé de nombreux concerts ces derniers mois, notamment avec l'orchestre Mozart de Bologne, qui avait dû le faire remplacer. C'est en 2000 qu'on avait appris son cancer lorsqu'il était apparu extrêmement amaigri à la télévision pour diriger le Requiem de Verdi. Une maladie qui ne l'empêchera toutefois pas de diriger pendant dix ans encore.
Célèbre pour sa gestuelle unique et pour tout diriger par coeur, y compris les plus longs opéras, Claudio Abbado est né le 26 juin 1933 à Milan. Après avoir étudié le piano, il est fasciné, enfant, par Antonio Guarneri, qui dirige les Nocturnes de Debussy et trouve sa vocation. Primé à Tanglewood, puis élève d'Hans Swarowsky, il commence au début des années 60 en dirigeant la symphonie Résurrection de Mahler, pour ses premiers pas au Festival de Salzbourg avec le Philharmonique de Vienne, à l'invitation du grand Herbert von Karajan, puis à la Scala de Milan, qui le nommera chef principal en 1969 et directeur artistique en 1971, pour quinze années restées dans toutes les mémoires, comme le raconte Le Figaro, durant lesquelles il insuffle un vent de modernité à l'opéra qui marquera à jamais.
Amoureux de Rossini et Verdi, proche du Parti communiste - il donnera des concerts dans des usines et des prisons, une première -, Claudio Abbado prendra ensuite la tête du London Symphony Orchestra de 1979 à 1986 puis du prestigieux Opéra de Vienne, un passage toutefois furtif, comme souvent dans cette institution. À la mort de son idôle Karajan, il prend la tête du Philharmonique de Berlin jusqu'en 2002 et refonde l'Orchestre du Festival de Lucerne, avant de se faire plus discret à cause de la maladie.
La mort de cette grande figure de la musique classique a donc provoqué un véritable émoi et c'est avec beaucoup de tristesse que Renaud Capuçon a réagi sur Twitter. "La mort de Claudio Abbado laisse un immense vide dans le coeur des musiciens qui l'ont côtoyé. Il nous manquera infiniment", a écrit le violoniste amoureux de Laurence Ferrari. Même émotion pour l'animateur Stéphane Bern sur le réseau social : "Tristesse d'apprendre la mort du grand maestro #ClaudioAbbado, le monde de la musique est en deuil en perdant l'un des grands chefs." Gilles Jacob, tout juste remplacé par Pierre Lescure à la tête du Festival de Cannes, a lui aussi évoqué la disparition du maestro. "J'ai essayé dans un livre de rendre ce que l'on ressentait à un concert d'Abbado. Quelque chose d'unique qui mêlait la musique et l'humanité", a-t-il posté.