Purepeople : Tu as 25 ans et déjà vingt ans de carrière derrière toi... Comment c'est possible ?
Clémence Lassalas : J'ai commencé super jeune, mais c'est vrai que ça ne me rajeunit pas ! Je faisais de la photo et de la pub quand j'étais petite. Puis j'ai été repérée par une agent qui s'appelle Laurence Coudert et j'ai fait mon premier film grâce à elle. A l'époque je tournais beaucoup avec mon frère, qui a un an et demi de plus que moi et qui a arrêté depuis. J'ai surtout fait des téléfilms, dont une trilogie dans laquelle je faisais partie d'une famille un peu insupportable. Puis au cinéma, j'ai eu des petites participations, dans Ecoute-le temps avec Emilie Dequenne, dans La première étoile et dans La Famille Bélier.
Tu as toujours eu envie d'être actrice ?
J'ai fait un sport étude de comédie musicale, et puis un jour ma mère m'a dit : "Tu ne veux pas avoir un vrai métier ?". Je me suis dit que comme j'aimais le cinéma, que j'avais la chance d'en faire depuis que je suis petite, la production c'était un bon compromis. J'ai fait un BTS de production à Boulogne, puis une dernière année à UCLA à Los Angeles. J'ai travaillé un an là-bas en post-production sur des show Netflix et puis je n'ai plus eu de visa. J'ai recontacté mon agent de retour en France et j'ai atterris sur DNA ! Je n'ai pas oublié la production pour autant. J'avais monté une boîte avec une copine, on avait produit pas mal de choses notamment dans le théâtre puis ça s'est arrêté avec le confinement...
Qu'est-ce que ça fait de jouer la peste depuis tant d'années ?
C'est toujours le même plaisir. C'est la crise d'ado que je n'ai pas faite. Tous ces trucs insupportables qu'on aurait aimé dire aux gens pendant des conversations, ces petites punchlines qu'on regrette de ne pas avoir prononcées... Charlie les dits !
Est-ce que tu as peur qu'on ne te propose plus que ce genre de rôles ?
Un peu. Ce n'est pas forcément une peur parce que moi j'adore, et ce genre de personnages permet de défendre des choses parce que derrière la méchanceté il y a toujours quelque chose. Mais en regardant tout ce que j'ai fait avant, dans La Famille Bélier... je crois que je ne joue que des pestes ! Je ne sais pas si c'est à cause de mon visage. J'essaye d'être sympa !
Tu aimerais que ton personnage change un peu de registre ?
Pas vraiment. Avoir un côté plus mature, pourquoi pas. Mais je veux garder ce caractère affirmé, identifiable. Quand on pense à Charlie, on sait quel caractère elle a. Ce n'est pas quelqu'un de lisse. Elle pourrait juste arrêter de faire du chantage et des caprices d'enfants. Si elle évolue adulte, il faut qu'elle reste ma Charlie.
Comment vis-tu les messages de haine qui sont adressés à ton personnage sur les réseaux sociaux ?
Parfois, j'avoue que c'est un peu blessant. Mais deux secondes. Plus les gens détestent Charlie, plus ça veut dire que le personnage est bien interprété. J'arrive à faire la part des choses. Le pire, ce n'est pas sur mon Instagram. C'est sur celui de la série. Là, les gens se lâchent. Et moi, je suis du genre à leur répondre avec une petite pique pour relancer un peu le truc et me moquer de moi-même. Franchement, je ne le vis pas si mal que ça.
Comment réagissent les gens qui te croisent dans la rue ?
C'est très marrant. Il y a beaucoup de gens qui viennent me voir. Au début ça me faisait un peu peur, d'ailleurs. Mais j'ai déjà vu des gens qui n'osaient pas me regarder dans les yeux. Ca m'a aussi été raconté par d'autres fans de Demain nous appartient... beaucoup ont peur de moi. Alors parfois on me regarde de loin, je confronte ces personnes, et elles s'enfuient. Elles partent en courant.
Est-ce que tu ressembles à ton personnage dans la vraie vie ?
Non ! Le chantage, tout ça, ce n'est pas mon truc. J'essaye d'être positive, très ouverte. Et je rigole tout le temps, pour cacher une petite gêne peut-être. Mais je ne réfléchis pas comme Charlie, à mal interpréter les choses. Je suis très éloignée d'elle.
Propos recueillis par Yohann Turi. Toute reproduction interdite sans la mention de Purepeople.