La soirée avait pourtant bien commencé... Clint Eastwood, méga-star du septième art, avait fait son entrée sur fond de western hollywoodien, sa silhouette mythique de cow-boy apposée sur une ville du Far West nappée d'une lueur orangée.
La convention républicaine avait vu les choses en grand pour la légende, et la salle a réservé une standing-ovation au comédien de 82 ans. Dans le public, Mitt Romney et son colistier Paul Ryan applaudissaient à tout rompre, alors que la surprenante Janna Ryan ne pouvait retenir ses larmes devant l'accueil.
Clint Eastwood ne devait à l'origine prononcer qu"un petit discours de cinq minutes, mais c'est un monologue de presque un quart d'heure qui a surpris l'audience présente ce 30 août 2012 à Tampa. Sur scène, la star, que l'on retrouvera prochainement dans le long métrage Troubles with the Curve, s'est adressé à une chaise vide censée représenter le président Barack Obama, candidat à sa propre succession.
"Alors, j'ai Barack Obama assis à côté de moi et je voudrais lui poser quelques questions. (...) Je ne vais pas la fermer. Maintenant, c'est mon tour. Je me pose des questions sur toutes tes promesses et puis sur toi... Quoi ? Que veux-tu que je dise à Romney ? Mais je ne peux pas lui dire cela, tu es complètement fou !", s'est-il emporté, plongeant la salle dans l'hilarité et les cadres républicains dans l'embarras. Il a ainsi poursuivi son monologue, hésitant, cafouillant, toujours en s'adressant à cette chaise vide à côté de lui, fustigeant des promesses non tenues par l'actuel locataire de la Maison Blanche : "Je me souviens des gens qui allumaient des bougies et tout le monde pleurait. Moi-même, j'ai pleuré. Mais j'ai encore plus pleuré quand j'ai su qu'il y avait 23 millions de personnes sans emploi."
Si le discours du multi-oscarisé semblait parfois incohérent - "Alors, qu'est-ce que vous dites aux gens ? Est-ce que vous... Vous savez, les gens se demandent... Vous n'avez pas bien géré ça. Eh bien, je connais des gens dans votre propre parti qui ont été déçus que vous n'ayez pas fermé Gitmo ("la prison" de Guantanamo, NDLR). Et j'ai pensé fermer Gitmo, pourquoi, on a dépensé tellement d'argent. Alors j'ai pensé que peut-être, comme excuse... comment ça 'tais-toi' ?" -, il a séduit la salle plus que de raison, soulevant un tonnerre d'applaudissements en invitant Barack Obama à quitter son poste. "Quand quelqu'un ne fait pas le boulot, il faut qu'il s'en aille", a-t-il conclu.
Républicain dans l'âme, fervent défenseur de Mitt Romney, Clint Eastwood et sa prestation n'ont pas laissé indifférent. Si bien que l'équipe du candidat républicain s'est empressée de réagir aux propos de l'acteur : "Juger une icône américaine comme Clint Eastwood à travers le prisme politique ne marche pas. Sa libre prestation diffère des discours politiques et le public l'a appréciée."
Et visiblement, Barack Obama également, qui n'a pas tardé à répondre via son compte Twitter en postant une photo de lui assis sur son siège du Bureau ovale avec un petit message pour Clint Eastwood : "Ce siège est pris."
Clint appréciera.