Nouvelle réalisation d'Andy et Lana Wachowski (à l'oeuvre pour la saga Matrix) et de Tom Tykwer, Cloud Atlas est un projet plus qu'ambitieux au budget impressionnant. Voulant adapter le roman de David Mitchell, La Cartographie des nuages, l'équipe du film s'est basée sur une oeuvre qui transcende le temps et l'humanité, a rassemblé plus de 100 millions de dollars de budget et assuré deux tournages simultanément avec un casting comprenant Tom Hanks, Halle Berry, Susan Sarandon et Hugh Grant, entre autres. De grandes espérances mais l'enthousiasme manifeste des réalisateurs est désormais touché par une polémique sur un sujet délicat : les origines ethniques des acteurs dans ce long métrage.
"C'est une approche artistique ambitieuse," reconnaît Guy Aoki, président de Media Action Network for Asian–Americans (Manaa), une association qui lutte pour une bonne représentation des Américains d'origine asiatique dans les médias. "Malheureusement, cela reflète le même cliché que l'industrie du divertissement pratique depuis des années," déclare-t-il. Guy Aoki a visé un segment du film qui se déroule dans une Corée du Sud futuriste, dans lequel Jim Sturgess, James D'Arcy et Hugo Weaving sont maquillés pour jouer des personnages asiatiques : "Tous les personnages masculins importants dans la partie coréenne du film sont joués par des acteurs non-asiatiques, affligés d'un maquillage jaune abominable. Les Américains d'origine asiatique ont éclaté de rire lors des projections tests car Hugo Weaving avait l'air horrible, comme Vulcain dans Star Trek."
Dans le sens inverse, le travail est aussi mal fait selon Guy Aoki, qui note que pour la transformation de l'actrice chinoise Zhou Xun, pour devenir une femme de type caucasien, beaucoup de travail a été fait : "Visiblement, ils ont pris plus de soin à la rendre crédible en femme blanche. Le message que le film renvoie est : C'est beaucoup de travail pour changer l'apparence d'un Asiatique en Caucasien, mais on peut facilement transformer un Caucasien en Asiatique en modifiant simplement la forme des yeux."
La colère de Guy Aoki et son association Manaa résident d'abord sur le fait que ce film révèle la place limitée des minorités visibles au cinéma : "Les acteurs blancs peuvent jouer n'importe quel personnages sauf s'ils sont noirs et ont les rôles importants, les acteurs asiatiques importants sont inexistants. Et les habitants du Pacifique sont joués par des afro-américains."
Les réalisateurs n'ont pas encore réagi à cette polémique, mais on sait qu'ils justifient leur choix de prendre un même acteur pour jouer différents rôles quelques soient les origines ethniques pour la continuité de l'âme. Le manque de visibilité d'acteurs de certaines origines est une réalité dans le cinéma. Mais est-ce un bon procès à faire à Cloud Atlas, dont l'un des premiers rôles revient à l'actrice sud-coréenne Doona Bae et qui a choisi de transcender toutes les races pour parler d'humanité ?
Cloud Atlas, en salles le 13 mars 2013