Quand Corneille chante "Alors on vit chaque jour comme le dernier", ces mots ont une résonance toute particulière pour lui. Frappé de plein fouet par le génocide rwandais en 1994, alors qu'il n'avait que 17 ans, le célèbre chanteur québécois de 39 ans a perdu ses parents, ses frères et sa soeur au cours d'un terrible massacre survenu chez lui.
S'il avait déjà abordé ce douloureux sujet précédemment, l'artiste se confie comme jamais dans l'autobiographie qu'il vient de sortir le 4 octobre aux éditions XO, Là où le soleil disparaît. Les détails de cette journée dramatique sont glaçants.
C'est la nuit du 15 avril 1994 qu'a eu lieu le massacre des siens dans la maison familiale de Kigali. Deux hommes armés sont entrés, demandant à son papa si des Tutsis se cachaient chez eux. Corneille raconte qu'un malentendu est à l'origine de la mort de son père. "Il a cru que c'étaient des Hutus, qui contrôlaient alors la ville. Du coup, il a dit qu'on ne cachait pas de Tutsis et qu'au contraire on soutenait le régime hutu. Et là, ils ont commencé à tirer", relate aujourd'hui le chanteur au Parisien.
Comme il l'avait déjà expliqué, Corneille s'est alors caché derrière le canapé pour échapper aux balles, mais il n'avait jusqu'alors jamais évoqué le "cri" de son père, "qui a été le premier à se faire tuer" ou "les dernières respirations" de sa petite soeur. "J'ai longtemps culpabilisé de ne pas avoir pu la sauver", confie l'artiste avec émotion.
Corneille (Cornelius Nyungura de son vrai nom) explique les raisons qui l'ont poussé à écrire cette autobiographie au Parisien de ce jeudi 6 octobre. "J'ai besoin de laisser quelque chose à mes enfants. Et j'ai peur d'oublier. Aujourd'hui, il faut que je cherche le visage de mes parents pour que ça revienne dans ma tête", confie-t-il.
Papa de deux enfants (un garçon nommé Mérick né le 9 avril 2010 et une fille nommée Mila née le 19 décembre 2015), le chanteur se retrouve confronté à une demande incessante de son fils, celle de savoir quand ils iront ensemble au Rwanda. "J'en ai très envie, mais j'ai peur. Aujourd'hui, les gens qui sont au pouvoir ont tué ma famille. En même temps, j'ai envie d'aller sur la tombe de mes parents", explique le chanteur partagé, qui culpabilise : "J'ai presque eu un sentiments de les avoir abandonnés là-bas."
L'intégralité de l'interview de Corneille est à retrouver dans le Parisien du 6 octobre 2016.