Révélé en 2005 avec un premier album solo, Décembre en été, Emmanuel Da Silva, plus connu sous le nom de Da Silva, a ensuite collaboré avec de nombreux artistes reconnus. Ce lundi 2 mai, Libération a publié un papier titré "Da Silva est un manipulateur pur : les méthodes du chanteur-producteur mises en accusation", qui met en exergue quelques témoignages anonymes de personnes victimes des méthodes de l'artiste. Propulsé par son single l'Indécision, il est intervenu comme réalisateur auprès d'artistes comme Elsa Lunghini, Jenifer, Hélène Ségara ou encore Yseult et Julie Zenatti. Et des artistes moins mis en lumière comme Claire Denamur.
Dans cette longue enquête, Libération dévoile l'histoire de "Léa" – le prénom a été modifié – qui en 2012, alors qu'elle n'est pas inconnue du public, rencontre Da Silva. La chanteuse va vivre une relation tumultueuse et violente avec le réalisateur qui l'a détruite, entre "humiliations et mensonges". "J'ai longtemps pensé que j'étais responsable de ce qui m'était arrivé. Puis je me suis rendue compte que j'étais en fait au coeur de quelque chose, que j'étais une victime. Et ça a été un choc", a confié celle qui n'a plus touché sa guitare depuis 8 ans, et a mis un terme à sa carrière. "J'étais tellement désespérée que j'acceptais de coucher avec lui. [...] Il me poussait à faire des choses, des choses auxquelles je n'aurais jamais pensé. Il me disait qu'être pute, c'était un super métier, que ma force, c'était mon cul. Des choses très violentes", a-t-elle notamment fait savoir.
Comme elle, "Inès" aussi a été victime du musicien. "À la fin, je ne supportais plus ma vie. Etre entourée de mensonges, de violence... Si ça avait duré plus longtemps, je pense que je l'aurais payé encore plus cher", admet-elle de son côté après 5 ans d'emprise."Parce que l'emprise l'a flinguée, lui a tatoué le cerveau. Ce que Da Silva a tué en elle, il l'a définitivement tué", confie "Charles" qui a collaboré avec Léa avant qu'elle ne rencontre Da Silva. Plusieurs femmes et un homme, "Vivien" ayant collaboré avec Da Silva témoignent de l'emprise qui a pu les pousser à renoncer à leur carrière artistique. Ils décrivent tous le même comportement destructeur et dénoncent un entourage complice par le silence, à l'instar d'un de ses collaborateurs, qui avoue se sentir complice et déclare que Da Silva "n'a pas un rapport normal aux femmes".
Vivien, lui, fait état de "racket". En essayant de lancer sa carrière en 2017, aidé de Da Silva, il va dépenser près de 35 000 euros sans que l'album ne se termine. "J'appelle ça du racket", affirme l'homme. Dans l'article, il est noté le "rapport particulier" de Da Silva à l'argent à plusieurs reprises. Du côté de Da Silva, ce dernier n'a pas souhaité répondre à nos confrères. L'artiste dément et conteste cette enquête, jugeant "ces allégations très fortes et extrêmement violentes". Il précise également son engagement actuel au sein du quartier de déradicalisation de la prison pour femmes de Rennes, et se décrit comme "féministe" et "pas macho".