A Deauville, où il séjourne depuis jeudi après-midi, sa cote de popularité est toujours au top. Sept ans après la fin de Friends, la série au succès mondial qui en a fait une star, David Schwimmer, qui jouait Ross, le petit ami de Rachel (Jennifer Aniston), fait la joie des jeunes chasseurs d'autographes à chacune de ses sorties publiques. Certains ont même passé la nuit dans leur voiture garée à deux pas de l'entrée de l'Hôtel Normandy pour ne pas rater le moindre de ses faits et gestes.
Si l'acteur américain, âgé aujourd'hui de 45 ans, aurait pu se contenter de vivre peinard sur les millions de dollars que lui a rapportés Friends (et ça continue avec les rediffusions), il a surpris tout le monde en se lançant dans une carrière de metteur en scène. C'était en 2007 avec son premier long métrage pour le cinéma Cours toujours Dennis avec Simon Pegg, Thandie Newton et Hank Azaria. "En fait, on l'a oublié, mais j'étais passé derrière la caméra, en réalisant trois épisodes de Friends, rappelle-t-il. Tout comme, j'avais mis en scène des pièces de théâtre. Et là, avec Trust, dont le suis venu faire la promotion au Festival de Deauville (son film est en compétition officielle pour l'attribution du Grand Prix qui sera révélé samedi soir, NDLR), je ne suis pas peu fier d'avoir concrétisé un sujet qui me tient à coeur depuis très longtemps." En effet, Trust raconte l'histoire d'une gamine de 14 ans (incarnée de fort belle manière par Liano Liberato, 14 ans aussi) qui surfe sur le Net jusqu'au jour où elle fait la connaissance d'un homme beaucoup plus âgé qu'elle. La lycéenne finira par le rencontrer dans un hôtel et sera victime d'un viol... Les parents de la jeune fille sont remarquablement joués par Clive Owen et Catherine Keener.
Si, après deux comédies, David Schwimmer a décidé de changer de registre, c'est parce l'acteur et réalisateur est aussi membre du conseil d'administration de la Rape Foundation, une association d'aide aux victimes de viol basée à Santa Monica, en Californie. Il s'investit beaucoup en collectant des fonds et en participant au travail de sensibilisation, de prévention et d'éducation. Bien évidemment, l'ex-star de Friends a rencontré de nombreuses victimes et leurs familles, et entendu beaucoup d'histoires. C'est justement l'un de ses témoignages, celui d'un père criant sa douleur, qui lui a donné l'envie de faire ce film sur les prédateurs sexuels sur Internet. "Son histoire m'a totalement bouleversé, confie David. Et par la suite, j'ai réalisé que j'avais trouvé une façon différente d'aborder un sujet délicat et difficile qui peut tous nous concerner. C'est grâce au soutien de Robert Greenhut, le producteur de Woody Allen, que j'ai pu me lancer dans ce pari, car je n'ai eu que 4 millions de dollars de budget, une pacotille à Hollywood, et 29 jours de tournage seulement dans le Michigan."
A Deauville, David Schwimmer est venu tout seul, préférant laisser à Londres sa femme la photographe Zoe Buckman et leur bébé, Cléo, 4 mois. En effet, le premier enfant du couple a vu le jour le 8 mai dernier. Pour l'acteur, cette première paternité a totalement bouleversé le cours de son existence, comme il le confie. "J'ai découvert depuis l'arrivée de ma petite fille les importantes responsabilités qui sont désormais les miennes. Je dois la protéger, l'éduquer, l'aider jusqu'à sa majorité dans un monde de plus en plus dur à vivre. Bref, c'est cela être père. Ma priorité aujourd'hui, c'est ma petite Cléo." Un David Schwimmer qui ne traînera pas longtemps au Festival, donc. Il n'a qu'une envie : rejoindre sa petite famille dans la capitale londonnienne avant de repartir à Los Angeles où l'attend un projet de film qu'il garde secret pour le moment.