Restera, restera pas ? C'est une question qui agace méchamment Jean-Claude Dassier, le patron de l'OM, au sujet de son entraîneur, Didier Deschamps.
Si l'ancien homme fort de TF1, qui a pris la succession du regretté RLD aux commandes du club phocéen, concède que D.D. "fait partie des 5-6 entraîneurs qui peuvent être sollicités par les 6-7 meilleurs clubs européens" et prend en considération l'intérêt avéré suscité par le champion du monde 98, il martèle depuis plusieurs semaines sa pleine confiance dans "l'engagement total" de Deschamps avec l'OM, chez qui son contrat court jusqu'en juin 2012.
Et pourquoi le technicien de 42 ans, qui a repoussé les avances de Jean-Michel Aulas pour succéder à Puel du côté de l'Olympique Lyonnais (le boss lyonnais déclaré sur RMC : "Deschamps a été très clair, il est sous contrat avec Marseille"), irait-il voir ailleurs ?
Bien à Marseille, des années après avoir connu des débuts brillants à la tête de l'AS Monaco puis avoir été échaudé par son aventure transalpine (son passage par la Juventus de Turin, le temps d'une saison en Serie B au terme de laquelle il permit à la Dame de Fer de retrouver la Serie A, se solda sur un clash frustrant), Didier Deschamps semble à sa place. Il n'a pas manifesté de velléités de changer d'air, et peut se féliciter d'un bilan sportif élogieux : en dépit d'un effectif un peu court à son goût et de discussions toujours épineuses en matière de recrutement avec les dirigeants marseillais, il a permis à l'Olympique de Marseille de retrouver un peu de son lustre d'antan (champion de France en titre, vainqueur de la Coupe de la Ligue 2010) et a l'occasion de récidiver. L'OM, qui devrait assurer sa place en Ligue des Champions la saison prochaine, est plus que jamais en chasse de Lille (leader du championnat avec un point d'avance) et défendra sa Coupe de la Ligue demain au Stade de France face à Montpellier.
A part ses précoces années nantaises et son court passage par Chelsea, Deschamps, natif de Bayonne (où le stade porte désormais son nom) a toujours évolué dans un climat méridional, qui doit également satisfaire son épouse et amour de toujours, Claude, de deux ans son aînée. Parents d'un fils unique, prénommé Dylan ("parce que ça fait comme moi, D.D.", lâcha un jour le papa comblé), ils se sont laissé photographier au début du mois, le 5 avril, en pleine promenade dans les rues de Cannes, main dans la main au soleil azuréen.
Une exposition rarissime de la part de ce couple extrêmement discret, D.D., anti-star au possible, étant lui-même très peu friand de médiatisation, comme les amateurs de foot le savent bien, et casanier de son propre aveu. Si d'autres couples fameux de l'ère France 98 sont à l'inverse des clients réguliers de la presse people (Bixente Lizarazu et Claire Keim, Zinédine Zidane et Véronique, ou encore Christian et Adriana Karembeu, désormais séparés), Didier et Claude Deschamps s'en préservent ("je n'ai pas le physique pour tout cela", éludait simplement Didier après la Coupe du monde 1998, à propos de ce sujet et des propositions de pubs), et c'est un vrai plaisir de les voir tolérer ainsi la présence d'un photographe.
Une apparition inattendue qui nous ramène à une belle histoire de près de 25 ans d'amour, depuis leur rencontre à Nantes, où Deschamps débutait sous la houlette de l'inoubliable Coco Suaudeau et où il fit la rencontre qui allait changer sa vie : "L'époque du centre de formation. J'ai 17 ans, c'est un âge où je dérive un peu. Sans faire de gros écarts, je pense surtout à m'amuser. Je découvre les filles, les fringues .... il faut dire que jusque 16 ans, je n'ai rien fait. Comme je débute en pro, je gagne un peu d'argent. Alors, avec Marcel Desailly, Sidi Kaba, Jean-Jacques Eydelie, Xavier Gravelaine, je passe pas mal de temps au "New way" et au "Speak easy", des boites à Nantes. Pendant un certain temps, je n'ai pas une vie très saine et je mets ma carrière, un peu, entre parenthèses. Je me souviens des paroles de Budzinski :- il vaut mieux en profiter maintenant car tu peux te reprendre. Car, si tu t'amuses à 24 ans, tu ne reviens plus ! Mais à 18 ans, je rencontre ma future femme, Claude. Évidemment, ça calme..."
Dans le sud de la france, le soleil rayonne donc aussi, en toute discrétion, sur la vie de famille de Didier Deschamps, qui avait pris la décision de raccrocher les crampons au sommet de sa gloire pour l'amour de son clan. En 2000, un article du quotidien La Dépêche, intitulé C'est Claude et Dylan qui ont gagné, que nous vous invitons à lire en intégralité en cliquant ici, constatait les raisons de cette décision forte : "Le foot, la gloire, la Coupe du Monde, l'Euro 2000, il n'en a cure, le petit Deschamps. Pour lui, ça se résumait en une phrase bougonne : " Papa s'en va encore !" Récemment, rapporte Didier, "il voulait que j'appelle la police pour faire partir les supporters qui me demandaient un autographe." Dylan n'a pas bien compris la réponse. Mais il a gagné. Son héros sera moins saltimbanque. Pendant quinze ans, Didier n'a fait que partir. " Je veux le voir grandir ", soupire celui qu'il ne veut plus partager avec des foules en délire. Pourquoi, à 32 ans (bientôt), le footballeur français le plus comblé par les titres et les honneurs a-t-il tiré sa révérence au faîte de la gloire? La réponse se lit dans les yeux de Claude et de Dylan. C'est celle du coeur, de l'amour pour appeler les choses par leur nom."