Presque 6 mois après la mort de Diego Maradona, un rapport accablant raconte les dernières heures éprouvantes de la légende du football argentin. Maradona est mort d'un problème cardiaque le 25 novembre 2020 à l'âge de 60 ans, seul dans sa résidence de Tigre, au nord de Buenos Aires.
L'AFP nous apprend ce samedi 1er mai 2021 qu'un document de 70 pages a été rendu public vendredi, dans lequel une commission médicale a été chargée d'enquêter, à la demande de la justice, sur les dernières heures de la star argentine. Et la conclusion de ce rapport accuse sans détour l'équipe soignante qui l'entourait de l'avoir "abandonné à son sort", lui prodiguant un traitement "inadéquat, déficient et imprudent" conduisant à une lente agonie.
On peut lire quand le rapport que Diego Maradona "a commencé à mourir au moins 12 heures avant" d'être retrouvé sans vie et a enduré une "période d'agonie prolongée". Le rapport indique encore que "les signes de danger de mort qu'il présentait ont été ignorés" et que les soins infirmiers prodigués sont "entachés de déficiences et d'irrégularités". "Compte tenu du tableau clinique, clinico-psychiatrique et du mauvais état général, il aurait dû poursuivre sa rééducation et son traitement interdisciplinaire dans une institution appropriée", insiste le document. Les experts ont indiqué que Diego Maradona "n'était pas en plein usage de ses facultés mentales, ni en mesure de prendre des décisions concernant sa santé" après son opération pour un hématome à la tête début novembre.
Le parquet a ouvert une enquête après les déclarations de deux des cinq filles de l'ex-capitaine de l'équipe argentine, Gianinna (31 ans) et Jana (24 ans), qui pointaient le neurochirurgien Leopoldo Luque comme responsable de la détérioration de l'état de santé de leur père. La commission médicale de vingt experts, dont les médecins légistes qui ont pratiqué l'autopsie et des spécialistes de diverses disciplines médicales, conclut que l'ancien champion du monde "aurait eu de meilleures chances de survie" s'il avait été hospitalisé dans un centre de soins approprié et polyvalent.
Selon son médecin personnel, Leopoldo Luque, l'ex-joueur de Boca Juniors, Naples et Barcelone, avait insisté pour quitter le milieu hospitalier et avait refusé d'être conduit dans un autre centre de soins. "L'équipe médicale traitante a pleinement et complètement envisagé la possibilité de l'issue fatale du patient, mais est restée absolument indifférente à cette question, et n'a pas changé son comportement et son approche médicale (...) et a abandonné à son sort", l'ex-capitaine de la sélection argentine championne du monde 1986 au Mexique, accuse le rapport.
Pour l'ancien porte-parole de Diego Maradona, Sebastian Sanchi, interrogé par l'AFP, "il est clair que la commission (médicale) dit que les choses n'ont pas été faites correctement".
Sept personnes ont été mise en examen, le neurochirurgien Leopoldo Luque, la psychiatre Agustina Cosachov, un psychologue, deux infirmiers (un homme et une femme) qui étaient au chevet de Diego Maradona, ainsi que le superviseur de ces infirmiers et un médecin coordinateur de l'hospitalisation à domicile. En Argentine, les peines pour abandon par négligence ou homicide involontaire vont de cinq à quinze années de prison.
Ce n'est pas la première procédure judiciaire à voir le jour depuis le décès de Diego Maradona. En effet, depuis plusieurs mois, les enfants et les frères du footballeur se déchirent concernant son héritage. Le "gamin en or" était au moment de sa mort, à la tête d'une fortune estimée à environ 10 millions de dollars. Propriétaire de demeures à Dubaï, Monaco, en Biélorussie, au Mexique, à Cuba et en Argentine, Maradona avait également acquis une impressionnante collection de voitures.
Avant de décider qui héritera de quoi, la justice argentine va dans un premier temps trancher sur le nombre d'enfants du sportif. Certains médias parlent de 10 enfants reconnus, d'autres de 8, certains évoquent 3 enfants illégitimes à Cuba et au moins 2 autres en Argentine...