![Dominique Strauss-Kahn est l'invité du JT de 20 heures de TF1, dimanche 18 septembre 2011.](https://static1.purepeople.com/articles/9/87/57/9/@/700807-dominique-strauss-kahn-est-l-invite-du-580x0-2.jpg)
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Qui n'était pas branché à 20h09 devant TF1 dimanche soir ? Vous étiez plus de 13,4 millions de téléspectateurs, soit 47% de parts d'audience selon Médiamétrie, à suivre la première intervention de Dominique Strauss-Kahn depuis son retour "triomphal" en France il y a quinze jours. C'est un record d'audience pour cette année, tous programmes confondus. C'est aussi un record pour un journal télévisé depuis le 7 novembre 2005, au moment des violences urbaines. Sur Twitter, cette interview a généré, selon l'AFP, 14 000 réactions d'internautes.
Critiques à ma droite...
Après cette intervention extrêmement réfléchie et cette interview si bien huilée préparée "aux petits oignons" par la horde de communicants de DSK avec la direction de TF1 et Claire Chazal, les réactions ont été nombreuses, d'abord sur Twitter. Jean-Pierre Raffarin remarquait que DSK était "plus à l'aise pour afficher sa compétence que sa sincérité", ajoutant que "la décence eût été le silence". Jean-François Copé, numéro un de l'UMP, décrit comme "dérisoire" et "triste" cette intervention, regrettant au passage le retour de la théorie du complot, qui fait aujourd'hui la Une de Libération. DSK a déclaré hier soir : "Un piège ? C'est possible. Un complot ? Nous verrons." Pour Copé, "c'est extrêmement choquant qu'on vienne rajouter une théorie du complot à tout ce que nous venons de vivre." Hervé Morin, président du Nouveau Centre, ironise quant à lui sur le discours de DSK : "On est malheureux de savoir qu'il voulait vivre dans un studio de 20m² et qu'il a été obligé de louer une maison 50 000 euros par mois." Marine le Pen estime que "cet homme avait le plus grand mépris pour les femmes, à qui il accorde une fonction utilitaire" et ajoute qu'il avait "menti" sur le contenu du rapport du procureur - brandi à plusieurs reprises par DSK durant son intervention - qui "en aucun cas, n'innocente M. Strauss-Kahn."
Un Bisounours, mais surtout des primaires à gauche
À gauche, les réactions sont contrastées. Sur BFM TV, Jack Lang fait preuve d'un certain lyrisme : "Dominique a parlé la langue du coeur, de la vérité et de l'intelligence. Son intervention remarquable était pleine d'émotion et de justesse [...] Son analyse visionnaire de l'Europe fait apparaître que la France aura de nouveau besoin de son impressionnante compétence et de son expérience." DSK ne se ferme aucune porte - "prendre le temps de réfléchir, mais toute ma vie a été consacrée à essayer d'être utile au bien public" - ce qui inquiète bien Hervé Morin : "Il vous dit : j'ai sauté 2012, je serai là en 2017." Ségolène Royal, candidate à la primaire Socialiste "retient l'envie de tourner la page (...) mais aussi l'envie de passer à autre chose, d'élever le débat politique. Cette émission a permis de clore quelque chose qui nous a beaucoup trop occupés", a-t-elle déclaré lundi sur RTL.
Durant l'interview, Dominique Strauss-Kahn confirme bien (on n'en doutait pas !) qu'il avait l'intention de se présenter à la primaire socialiste et l'existence d'un pacte selon lequel, lui et Martine Aubry ne se présenteraient pas face à l'autre. Cette petite précision fait l'affaire des soutiens de François Hollande, favori de la primaire, qui ne manquent pas d'insinuer, comme Pierre Moscovici, qu'elle confirme qu'Aubry est une candidate de substitution. DSK peut regretter son rendez-vous manqué avec les Français, car il était vraiment en pôle position pour être le candidat du partie socialiste et Nicolas Sarkozy aurait eu du "mouron" à se faire pour l'élection présidentielle...
Les Féministes ne décolèrent pas
Outre les politiques, ce sont les associations de défense des femmes qui ont beaucoup commenté cette interview. Les féministes, dont certaines étaient réunies dimanche soir devant TF1, sont en colère. Pour l'avocate Gisèle Halimi, "ce qui est grave, c'est chaque fois que la dignité des femmes est en cause comme cela, on tente de faire passer les femmes qui sont de pures victimes pour des affabulatrices." La porte-parole d'Osez le féminisme, Thalia Breton, s'est dite "écoeurée". La présidente de l'association Paroles de femmes, Olivia Cattan, a jugé que les déclarations de DSK étaient "lamentables".
L'amie Claire Chazal
Si la presse américaine évoque avec sobriété une "interview de 20 minutes qui semblait avoir été très préparée" (Washington Post), un DSK "mal à l'aise, parfois en colère" (New York Times) qui a "refusé de renoncer à un retour à la politique" (Los Angeles Times), la presse française s'est montrée plus sévère, y compris avec Chazal. À commencer par Alain Duhamel qui, dans son édito politique ce matin sur RTL, remet en cause le bien fondé de cette interview : "Pour dire les choses carrément, on sait bien que Claire Chazal n'a pas le punch ou la verve de Jean-Michel Aphatie comme intervieweuse. Elle a choisi un registre modeste, elle l'a fait avec sobriété, avec précision, avec un professionnalisme presque excessif tant tout paraissait tellement vissé. Mais je dirais une chose très simple : c'est une amie d'Anne Sinclair et une amie d'Anne Sinclair ne devait pas interroger Dominique Strauss-Kahn". L'avocate féministe Gisèle Halimi soulignait à son tour : "On a assisté à un entretien de connivence où les liens d'amitié entre la journaliste qui l'interrogeait et DSK sont apparus gros comme des câbles."
Sur Twitter, le journaliste médias du Point, Emmanuel Berretta, s'est prêté au petit jeu des questions qu'auraient dû poser Claire Chazal : "Si Nafissatou Diallo était consentante, qui a fait le premier pas ?" ou encore "Avez-vous souvent rencontré des femmes de ménage de grands hôtels prêtes à des rapports avec un inconnu et gratuitement ?" Rappelons que les faits se sont déroulés en seulement 9 minutes...
(Ne pas) tourner la page
Un dernier mot sur L'Express que Dominique Strauss-Kahn a qualifié de "tabloïd" hier soir sur TF1. Son directeur de la publication Christophe Barbier a répondu en fin de matinée dans une lettre, qui sera l'édito de la prochaine édition du magazine attendu mercredi dans les kiosques. Christophe Barbier écrit : "Le vrai sujet n'est pas l'attitude de la presse, c'est la vôtre."
On devrait encore entendre parler longtemps de cette affaire DSK, ne serait-ce parce que la plainte au civil de Nafissatou Diallo est toujours d'actualité et que ses avocats attendent de pied ferme d'interroger l'ancien directeur général du FMI (sans doute fin 2011, début 2012). Sans compter l'affaire Tristane Banon toujours pas bouclée. N'en déplaise à Ségolène Royal, il n'est pas encore temps de tourner la page...