Dominique Strauss-Kahn a fait un retour "triomphal" à Paris, sous une nuée de journalistes et de photographes, après l'abandon des poursuites par le procureur de New York suite à l'accusation de viol de la femme de chambre Nafissatou Diallo. Si Karl Lagerfeld trouve DSK " charmant", une autre, en revanche, n'est définitivement pas de cet avis et le fait savoir : il s'agit de Tristane Banon, une jeune écrivaine de 32 ans, qui accuse l'ancien directeur général du FMI de tentative de viol. Des faits qui remonteraient au mois de février 2003.
Suite au dépôt de plainte de Tristane Banon, une enquête préliminaire a été ouverte et de nombreux témoins potentiels, dont sa mère Anne Mansouret, ont été entendus par la BRDP, dans le XIIIe arrondissement de Paris, dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne. Les avocats de l'ancien ministre ont annoncé, ce lundi, à l'AFP, que leur client "est actuellement entendu en qualité de témoin par les services de police". DSK avait déjà qualifié d'"imaginaires" les faits dénoncés par Tristane Banon et porté plainte en retour pour dénonciation calomnieuse. "À la demande [de Dominique Strauss-Kahn], cette audition a eu lieu aussi tôt que possible au regard du calendrier de l'enquête", ont ajouté Maîtres Frédérique Baulieu et Henri Leclerc. DSK a quitté, peu après 11h les locaux de la police judiciaire parisienne, après une audition de trois petites heures.
Tristane Banon ne décolère pas et les conditions du retour de DSK en France lui donnent "la nausée". Dans un long texto envoyé à l'AFP, ainsi qu'à plusieurs rédactions, la jeune femme écrit : "Je ne peux pas croire que mon pays accueille en héros un homme qui n'a pas été blanchi. J'entends les gens me dire leur écoeurement, j'avale leur soutien pour tenir debout et pourtant c'est moi qui baisse la tête et longe les murs quand d'autres sourient aux caméras." Elle poursuit : "Il y a un vrai problème dans ce pays, des choses doivent changer. Le viol et la violence faits aux femmes ne peuvent être banalisés, l'argent et le pouvoir ne sauraient être au-dessus des lois (...) Ce qui se joue depuis 6 jours me donne la nausée."
Dans ce message, Tristane Bannon affirme recevoir le soutien de nombreuses personnes qui "veulent protester, se faire entendre, crier que le code pénal doit être le même pour tous et qu'un jugement doit advenir, qui condamnera ou non, mais qui doit être prononcé". Elle évoque ici le très probable classement sans suite de sa plainte. En conséquence, Tristane Banon annonce un rassemblement le 24 septembre, à l'appel d'organisations qu'elle ne cite pas, à proximité du palais de justice : "Dans les jours à venir, cet appel à la mobilisation se fera plus précis, plus concret." On pense ici à la conférence de presse de Nafissatou Dilalo qui, dans l'objectif de faire pression sur l'opinion publique et le procureur, avait pris la parole entourée d'organisations noires et religieuses de la ville. Rappelons qu'à l'issue de l'enquête préliminaire, le parquet peut ouvrir une information judiciaire, classer sans suite ou requalifier les faits allégués, datant de 2003, en tentative d'agression sexuelle, qui seraient alors prescrits, comme le veut la loi. L'affaire Banon connaîtra-t-elle la même issue que l'affaire Diallo, faute de preuves ?
Dimanche, plusieurs dizaines de personnes, féministes pour la plupart, ont manifesté sous les fenêtres de Dominique Strauss-Kahn, place des Vosges, en brandissant des pancartes "DSK partout, justice nulle part".
Depuis son retour, le couple DSK/Anne Sinclair n'a pas été vu ensemble, Anne Sinclair essaie de reprendre une vie normale, fait ses courses au Bon Marché et déjeune avec des amis au Café de l'Alma. Quand à DSK, il fait ses achats informatiques chez Surcouf et visite le musée du Louvre...